Lorsque toi et moi, mon amour, soupons au restaurant, baignés par l’air salé et la rumeur du port, c’est ensemble que nous existons, comblés ou peu s’en faut ; pour parfaire cette heure, il nous suffit d’inclure dans le conciliabule nos amis lointains, de parler de leurs faits et gestes et, ce faisant, les amener absents à s’asseoir avec nous. Et, de même, nous battons le rappel au cours de nos nuits, seul chacun, mais entourés d’eux par l’unique fait de songer à leur propre périple, à l’autre extrémité des ténèbres. Tout ce que j’élabore ou j’éprouve est maintenant ta chose, mon amour ; il n’empêche que les compagnons persistent à s’insinuer parmi nous, s’abreuver à nos coupes et nous entraîner avec eux. Parfois, alors que nous rentrons d’une de ces tournées approximatives, tombe soudain, propice, une averse qui permet à ma main de se poser sur ton épaule et presser ta chair grelottante ; à cet instant, au moins, se conjoignent presque nos esseulements.
----- Message d'origine ----- Poème en alexandrins pour Avril
Ingrédients :
Les rayons du soleil Les gouttes de la pluie Les fleurons des plantes Se battent dans le ciel Tombent en confettis À pleine voix chantent L’orage vers la brunante L’air, l’eau, la terre, essuient La tombée de la nuit Les rues soudain rendent Mille reflets de miel Avril s’annonce Vaincu mars renonce
Détachez chacun des hémistiches de la liste, sans l’altérer. Pendant qu’ils décantent dans votre cuisine, éplucher les asperges, faites bouillir une bonne casserole d’eau salée. Reliez au choix, par paire, les hémistiches liés ; inutile de rajouter de sauce liante (dans une forme classique, veiller à obtenir une rime). Disposez les radis légèrement entaillés et rafraîchis dans de la glace en forme de bouquet. Relisez le poème obtenu, au besoin rectifier l’ordre pour qu’il vous plaise. Sur les fraises en quartier, versez délicatement le vin rouge sucré où la menthe aura mariné quelques heures. Recopiez le poème sur un endroit approprié. Servir au salon.
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