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anouk Belgique |
Posté le: 3/3/2007 01:36 | Sujet du message: RE: j'aimerais parfois | |
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Tu appelles ça de la cuisine ! moi j'appelle ça du raccommodage ! du reprisage du repêchage, du rafignolage pour finalement une naissance ! pas mal ! Et alors où je me marre , c'est lorsque j'imagine Julos avec un oeil sur tout ce qui bouge et l'autre sur ce qui ne bouge pas ! il y en a un qui doit se fatiguer bien plus que l'autre.... devinez lequel... comme tu peux me faire rire aussi Babel !
----- Message d'origine ----- Parfois j'aimerais que le forum s'agite plus... J'aimerais qu'on se mette ainsi à écrire ensemble, ou côté à côte. Je ne pourrais pas aller à l'atelier d'écriture à Port-Cros. Je ne suis pas allé à celui de Bourgogne. Mais ici, on peut aussi essayer nos phrases. La bienveillance est acquise ! Pas de jugement, ni de moqueries : juste s'encourager. Et se lire. C'est bon de vous lire...
Une chose me surprend dans l'écriture de Julos : sa liberté. Il écrit avec application, avec des rimes, et des mots peaufinés : souvenez-vous des premières versions de Port-Cros postées ici à son retour, ou de Mr Dubble You dont nous avons suivi l'évolution. Il écrit aussi avec passion, et tant pis pour les fautes de frappe, ça arrive, ça surgit, ça claque dans le silence. Et s'il le recopie ce coup de plume, ce sera, les fautes corrigées, tel quel... J'aime cette variété, cette liberté. Cela veut dire que tous sont invités.
J'aime aussi le nombre de thèmes abordés par Julos. Écolo-sentimentale-folk selon les critiques : mon oeil ! Il garde un oeil sur tout ce qui bouge, et l'autre sur ce qui est immobile.
Pour moi, il y a eu un avant et un après la rencontre avec Julos...
Bref, voilà comment j'ai fait pour retrouver du rythme dans ce poème en prose. C'est pas un truc infaillible, et je ne le fais pas toujours... J'ai repris le début et j'en ai fait des vers de 12 pieds, avec rimes croisées etc... Puis j'ai effacé les retours à la ligne. Et porté par le rythme obtenu, j'ai encore effacé, effacé, tout l'inutile...Et j'ai relu, recousu, repris le reste en suivant la piste. Voilà, c'est de la "cuisine". J'espère ne pas vous avoir ennuyé...
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babel |
Posté le: 2/3/2007 14:04 | Sujet du message: j'aimerais parfois | |
Email: babel@etoiles.net | |
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Parfois j'aimerais que le forum s'agite plus... J'aimerais qu'on se mette ainsi à écrire ensemble, ou côté à côte. Je ne pourrais pas aller à l'atelier d'écriture à Port-Cros. Je ne suis pas allé à celui de Bourgogne. Mais ici, on peut aussi essayer nos phrases. La bienveillance est acquise ! Pas de jugement, ni de moqueries : juste s'encourager. Et se lire. C'est bon de vous lire...
Une chose me surprend dans l'écriture de Julos : sa liberté. Il écrit avec application, avec des rimes, et des mots peaufinés : souvenez-vous des premières versions de Port-Cros postées ici à son retour, ou de Mr Dubble You dont nous avons suivi l'évolution. Il écrit aussi avec passion, et tant pis pour les fautes de frappe, ça arrive, ça surgit, ça claque dans le silence. Et s'il le recopie ce coup de plume, ce sera, les fautes corrigées, tel quel... J'aime cette variété, cette liberté. Cela veut dire que tous sont invités.
J'aime aussi le nombre de thèmes abordés par Julos. Écolo-sentimentale-folk selon les critiques : mon oeil ! Il garde un oeil sur tout ce qui bouge, et l'autre sur ce qui est immobile.
Pour moi, il y a eu un avant et un après la rencontre avec Julos...
Bref, voilà comment j'ai fait pour retrouver du rythme dans ce poème en prose. C'est pas un truc infaillible, et je ne le fais pas toujours... J'ai repris le début et j'en ai fait des vers de 12 pieds, avec rimes croisées etc... Puis j'ai effacé les retours à la ligne. Et porté par le rythme obtenu, j'ai encore effacé, effacé, tout l'inutile...Et j'ai relu, recousu, repris le reste en suivant la piste. Voilà, c'est de la "cuisine". J'espère ne pas vous avoir ennuyé... |
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François France |
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Quand l'usinage amène avec lui les sirènes, la séduction du rythme devient charme (ô Valéry!) ; ainsi se trouvent enchantés les lecteurs. Merci, babel, pour cette leçon d'atelier, c'est vraiment de la belle ouvrage.
----- Message d'origine ----- Voilà
bienvenue dans l'atelier… après un jour d'usinage, ce poème en prose a désormais cette allure...Tiens, cela pourrait nous donner l'occasion de parler du plaisir d'usiner les mots !
Accusé réception d’un jour C’est au lever du jour. Peut-être au bord de la mer. C’est un lever du jour aux couleurs indécises. Un carré au sol dessine du bois sur le fer. C’est du sol déposé, là pour y danser, ici pour y paraître, entouré de guirlandes de papiers crépons sous le vent. Les chaises alentour sont vides, ou parfois renversées. C’est à croire que des sirènes ont rameuté l’équipage. Est-ce un départ, est-ce un retard ? Elle. Assise en travers d’une chaise, accoudée au dossier, la tête dans l’angle de son bras, une fleur posée sur sa robe dégrafée par endroits : il y a elle. Lui. Décravaté, les bras au ciel puis vers le sol, à tourner en moulin pour les goélands, à chercher le souffle du vent. La bouche en moue, il rejoue un rythme de tuba. Sur la piste, il y a lui. Il danse infatigable, insensible à l’inutile. Elle, les souliers délacés, absorbée, attend. Est-ce le début, est-ce la fin ? Le temps de le demander, l’obturateur, dans un son incisif, s’est déclenché. La scène se passe en nuances de gris, immobiles, sur un carré de papier glacé. Un autre monde apparaît des quatre côtés bien découpés. Elle tourne d’un quart de tour sur elle-même, et virevolte dans la boîte avec les autres. La boîte est refermée, remisée sur les meubles emballés. De souvenirs ou de promesses, en vrac et en piles entourées d’un ruban, d’autres cartons se remplissent au plus vite. Est-ce un départ, est-ce une arrivée ? Déjà le soir devient épais. Un autre jour pourrait demain être le jour.
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babel |
Posté le: 2/3/2007 02:09 | Sujet du message: Version retravaillée | |
Email: babel@etoiles.net | |
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Voilà
bienvenue dans l'atelier… après un jour d'usinage, ce poème en prose a désormais cette allure...Tiens, cela pourrait nous donner l'occasion de parler du plaisir d'usiner les mots !
Accusé réception d’un jour C’est au lever du jour. Peut-être au bord de la mer. C’est un lever du jour aux couleurs indécises. Un carré au sol dessine du bois sur le fer. C’est du sol déposé, là pour y danser, ici pour y paraître, entouré de guirlandes de papiers crépons sous le vent. Les chaises alentour sont vides, ou parfois renversées. C’est à croire que des sirènes ont rameuté l’équipage. Est-ce un départ, est-ce un retard ? Elle. Assise en travers d’une chaise, accoudée au dossier, la tête dans l’angle de son bras, une fleur posée sur sa robe dégrafée par endroits : il y a elle. Lui. Décravaté, les bras au ciel puis vers le sol, à tourner en moulin pour les goélands, à chercher le souffle du vent. La bouche en moue, il rejoue un rythme de tuba. Sur la piste, il y a lui. Il danse infatigable, insensible à l’inutile. Elle, les souliers délacés, absorbée, attend. Est-ce le début, est-ce la fin ? Le temps de le demander, l’obturateur, dans un son incisif, s’est déclenché. La scène se passe en nuances de gris, immobiles, sur un carré de papier glacé. Un autre monde apparaît des quatre côtés bien découpés. Elle tourne d’un quart de tour sur elle-même, et virevolte dans la boîte avec les autres. La boîte est refermée, remisée sur les meubles emballés. De souvenirs ou de promesses, en vrac et en piles entourées d’un ruban, d’autres cartons se remplissent au plus vite. Est-ce un départ, est-ce une arrivée ? Déjà le soir devient épais. Un autre jour pourrait demain être le jour. |
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François France |
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QUAND ÉCRIT LA LUMIÈRE
Par le gré incertain des sables, te voilà devant la dune dans l’éblouissement du soir, tu regardes vers le golfe ; pour me donner courage ? m’enlever tout espoir ? Je ne saurais dire ta nuit. Comme tu es pesanteur de désir, pas de glèbe ni d’eau, tu ne reposes pas sur ta hanche, telle fille d’humide royaume ; tu n’es pas non plus du bleu violent et sans réplique que tu ne rejoins pas, la dune derrière toi te domine, vue que tu es un peu d’au-dessous. Tu ne te berces pas sur une balancelle, cuisses offertes dans une envolée de guipure. Comme tu es pesanteur de désir, pas de glèbe ni d’eau, tu ne t’accroupis pas, ne moissonnes ni ne grappilles, ne t’inclines pas au-dessus de la flaque, n’as pas d’image réfléchie, ne jaillis pas cambrée dans un mime de victoire, tirant après toi toison drue ruisselante saturée de sel de mirages à cordeler à essorer. Tu n’es point torche, ne te contorsionnes pas au milieu du brasier, tu n’agites nulle oriflamme, tu ne tends pas les bras au ciel. Ta chevelure, jardin de tête et puissance de vie, n’a rien d’hirsute ; ni vipères lovées ou sifflantes, elle ceint sobrement ta figure, sans aucune férocité. Tu es franchement droite, au mitan du lieu net dont tu proviens par une injonction précise. Regard tourné vers les vagues, scrutes-tu quelque oiseau roucoulant sa magie plus sarcophage que chiens affamés, une étoile qui croule, le spectre d’un naufrage ? Ta jupe de lin bleu (sa ceinture avec boucle en métal brossé) – elle n’a pas queue longue de huit mètres comme les robes qu’eut la damoyselle de Beauté – se plisse se lisse sans cesse se plisse sous l’action conjuguée de la brise, d’un élyme où s’est pris l’ourlet, et ta posture rehausse ton sein gauche, fait rêver aisselles tendres aréoles brun rose. Tu convies à rester là debout comme si tes yeux caressaient, ou même comme si, vive et soyeuse bien-aimée, tu t’apprêtais à consentir – guidée par le hasard l’humus le halètement des vagues dans le chant de la pinède capiteuse et sombre – à la fervente supplique ; comme si, en un geste tout près des confins du refus mais de plein acquiescement, tu me prenais la main, m’entraînais à la chambre des amours forestières. Les pieds exécutent des pas parfois plus lestes que l’esprit.
----- Message d'origine ----- C’est au lever du jour. Il se pourrait que ce soit au bord de la mer. C’est un lever de jour sans ses couleurs. Il y avait la nuit, il n’y en a plus. Un carré au sol hésite entre le brun et le gris. C’est un plancher déposé là pour y danser et qu’entourent des guirlandes de papiers colorés, occupés avec le vent. Les chaises alentour sont vides, ou parfois renversées. C’est à croire que la marée a emporté son équipage. Sont-ils partis, ou en retard ? Assise en travers d’une chaise, accoudée au dossier, la tête dans l’angle de son bras, une fleur posée dans sa robe dégrafée par endroits : il y a elle. Sur la piste, il y a lui. Lui sans cravate, les bras au ciel puis vers le sol, qui tourne à la façon d’un goéland, qui cherche le vent, et ne s’envole pas. La bouche en moue, il rejoue un rythme de tuba. Il danse infatigable, insensible à l’inutile. Elle, les souliers délacés, absorbée, attend. En sont-ils au début, ou est-ce la fin ? Le temps de se le demander, l’obturateur s’est déclenché, dans un son incisif. La scène passe en nuances de gris, immobile, sur papier glacé, puis tourne d’un quart de tour sur elle-même, et virevolte dans la boîte avec les autres. La boîte est refermée, remisée sur les meubles emballés. De souvenirs ou de promesses, en vrac et en piles entourées d’un ruban, d’autres cartons se remplissent au plus vite. Déjà le soir devient épais. Demain devrait être un autre jour.
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babel |
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C’est au lever du jour. Il se pourrait que ce soit au bord de la mer. C’est un lever de jour sans ses couleurs. Il y avait la nuit, il n’y en a plus. Un carré au sol hésite entre le brun et le gris. C’est un plancher déposé là pour y danser et qu’entourent des guirlandes de papiers colorés, occupés avec le vent. Les chaises alentour sont vides, ou parfois renversées. C’est à croire que la marée a emporté son équipage. Sont-ils partis, ou en retard ? Assise en travers d’une chaise, accoudée au dossier, la tête dans l’angle de son bras, une fleur posée dans sa robe dégrafée par endroits : il y a elle. Sur la piste, il y a lui. Lui sans cravate, les bras au ciel puis vers le sol, qui tourne à la façon d’un goéland, qui cherche le vent, et ne s’envole pas. La bouche en moue, il rejoue un rythme de tuba. Il danse infatigable, insensible à l’inutile. Elle, les souliers délacés, absorbée, attend. En sont-ils au début, ou est-ce la fin ? Le temps de se le demander, l’obturateur s’est déclenché, dans un son incisif. La scène passe en nuances de gris, immobile, sur papier glacé, puis tourne d’un quart de tour sur elle-même, et virevolte dans la boîte avec les autres. La boîte est refermée, remisée sur les meubles emballés. De souvenirs ou de promesses, en vrac et en piles entourées d’un ruban, d’autres cartons se remplissent au plus vite. Déjà le soir devient épais. Demain devrait être un autre jour. |
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