MANIFESTE SUR LES SÉQUELLES DE LA GUERRE D'ALGÉRIE de 1954-1962 et 2012
Nous avons été trois millions de jeunes à être appelés ou rappelés en Algérie, pour
aller faire une guerre coloniale,"de maintien de l'ordre et de pacification" comme ils
disaient. Incorporés pour une durée de dix huit à trente mois et jusqu'à quatre ans
pour certains, c'est contraints et forcés que nous avons été gratuitement envoyés là-
bas. Trente mille y ont laissés leur vie et soixante dix mille handicapés-psycho-
traumatisés. On n'a pas demandé à y aller, notre seul souci arrivé dans les djebels,
c'était d'abord de rester en vie et surtout d'avoir la "quille" pour rentrer le plus vite au
pays, de tout oublier et de retrouver nos familles et notre travail. Néanmoins nous
étions, pour beaucoup indifférents sinon favorables à l'indépendance de l'Algérie.
Il est temps de nous rendre la mémoire de notre histoire réelle, trop longtemps
polluée par une idéologie orientée, malsaine et partisane, nous avions vingt ans et le
plus souvent ignorant du pourquoi de ce qui nous attendait. Notre tort c'est de n'avoir
pas parlé après, parce que c'était une "guerre" coloniale qui ne disait pas son nom et
l'histoire n'a retenue que cela et nous sommes considérés "que" pour cela maintenant.
Le mutisme et le repli sur soi a été une erreur, maintenant il est un peu tard, cette
souffrance plus ou moins grande, nous a accompagnée et baignée dans une sorte de
"honte coupable" accompagnée par des qualificatifs, comme "mercenaires, fascistes,
tortionnaires, racistes et violeurs", ces qualificatifs ne nous concernent absolument
pas pour l'immense majorité d'entre nous, mais ils ont provoqués une perte d'estime
dans beaucoup de familles et de milieux sociaux et ont favorisés une sorte
d'ostracisme mémorial, car lorsque l'on veut s'en expliquer maintenant, on se trouve
en décalage par rapport à ce qui est convenu de penser sur ce sujet.
Le respect objectif de cette mémoire n'est pas encore arrivé concernant tous ceux qui
n'ont rien à se reprocher dans ce conflit, bien au contraire (a) mais des "forces"
venant de milieux qui "devraient naturellement favoriser" cette reconnaissance,
entretiennent sur l'histoire de cette souffrance qu'ont connus des milliers de jeunes,
un sentiment d'indignité et de vindictes colonialistes souvent assimilés aux miliciens
de Vichy, comme fascistes, racistes, violeurs et tortionnaires, alors que l'immense
majorité ne rêvait que de rentrer au pays et de reprendre leur place dans la société,
c'est ce qu'ils ont fait, mais aussi pour s'enfermer dans un mutisme et de laisser la
parole aux "képis" et "bouffeurs de bougnioules" d'une part, et les "pro-FLN
"Sartriens", islamisants" et autres "passeurs de valises" d'autre part, terribles intox qui
perdurent encore.
Des suicides apparaissent encore dans nos campagnes face à ce silence inepte. Même
le peuple algériens est concerné par l'histoire authentique de ces années de
souffrance, et la suite a été encore pire après 1962, 120 000 morts dus aux
islamistes et au pouvoir corrompu algérien et ce n'est pas fini. Blain
Joseph ramses415@orange.fr
(a) - Ce sont les appelés du contingent qui ont contribués à stopper le coup
d'état des généraux fascistes de l'OAS comme Salan, Challes, Zeler et Jouhaud et
autres, qui prévoyaient de "sauter" sur Paris pour prendre le pouvoir. Ce conflit
n'aurait jamais dû existé, L'Algérie était leur dernière colonie, après avoir perdu
l'Indochine, où, avec les gros colons ils pouvaient espérer conserver leurs privilèges
coloniaux, propriétés, boys et servantes, gérants de bordels et trafiques en tous
genres. Bien entendu certains ne sont pas à mettre dans ce même panier, comme le
Général de La Bollardière par exemple, et bien d'autres. Toutes les commandes
économiques étaient essentiellement aux mains des européens et pour les européens,
et un passage en douceur aurait bien pu se faire dans ce nouveau pays tout en
conservant le million de petits Pieds-noirs dont l'Algérie était aussi leur terre.
Témoignage de Michel Bousignère, avec bien d'autres, sur sa guerre d'Algérie.
"Retraité, avec plus de temps libre, j’ai eu l’envie comme beaucoup d’autres, de
raconter ce que fut pour moi la guerre d’Algérie.
Incité par le déferlement médiatique, qui de nos jours tente de retracer cette page
de notre Histoire avec des objectifs bien ciblés : la torture, les massacres ou le viol,
semant ainsi le doute et la confusion, il m’a semblé nécessaire de faire ce travail de
mémoire.
A la télévision, de nombreuses émissions suivies de débats, poursuivent les mêmes
objectifs. Inutile de vous porter candidat, si vous n’êtes pas porteur du même
message, l'audience est à ce prix...
En ce qui concerne les téléfilms romancés, avec comme toile de fond, la guerre
d’Algérie, la sensibilisation est souvent la même. Rare sont les films qui ne présentent
pas quelques scènes de jeunes militaires violant des femmes en cours de patrouilles
(1). Certes, il y a eu beaucoup d’abus et d’exactions perpétrées au cours de cette
guerre, tant par le FLN que par l’armée française dont les ordres émanaient de la plus
haute autorité de la nation, exécutés le plus souvent par des officiers supérieurs. Il
est évident que l’Etat doit reconnaître ses torts. Mais, ce n’est pas pour autant, qu’il
faille laisser supposer aux générations actuelles qui sont en partie nos enfants, (et
petits enfants) que tous les appelés et rappelés du contingent qui ont participé à ce
conflit, étaient des assassins, des tortionnaires ou des violeurs. (2)
Près de trois millions (3) d’appelés et de rappelés ont participé à cette période
difficile de notre Histoire. Ils ont pour la plupart effectué courageusement les
missions pénibles d’opérations de combats dans les djebels qui leur étaient imposées,
sans commettre d’actes d’exactions. Aujourd’hui, ils n'ont rien à se reprocher et leurs
enfants n’ont pas à douter du passé militaire de leur père.
J’espère que bien d’autres encore de ma génération, qui ont vécu cette période
douloureuse, prendront le temps nécessaire pour faire ce travail de mémoire et
d’écrire leur guerre d’Algérie.
Ne laissons pas aux autres raconter notre Histoire". (4)
(1) - Dans un film documentaire, il est bien dit que: "tous les appelés ont torturés".
(2) - Voir; des "mercenaires", puisque que la différence n'est toujours pas encore faite
entre les militaires de carrière payés en double solde... pour faire ce boulot et
maintenus le plus souvent en métropole pour former les appelés (puisque les rappelés
étaient déjà entraînés aux maniement des armes) et qui sont envoyés se faire tuer à
leur place et gratuitement. À comparer avec ceux d'Afghanistan, qui sont volontaires
et payés pour cela, soutenus par la nation éplorée par les quelques morts inévitables,
avec funérailles nationales, alors que les cercueils d'appelés morts en Algérie étaient
rapatriés en catimini derrière les docks de Marseille ou du Havre.
(3) - Trente mille jeunes hommes y ont laissés leurs vie dont 70 000 sont restés
infirmes ou psycho-traumatisés.
(4) - Même si nous ne sommes pas historiens ou écrivains! on nous refuse encore le
droit de s'exprimer sur ce sujet.
- De
BLAIN JOSEPH
le 2/8/2012.
Pays: France
Région: Pays de Loire
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