Petit extrait d’une recherche historique sur le tango. Imaginez la scène. Surréaliste, non ?
1914-1918 : la guerre fait rage. La vide mondaine est descendue de Paris vers Nice, mais Deauville accueille encore quelques irréductibles. C'est également le lieu de repos des troupes Anglaises et Ecossaises. Lisons ce témoignage étonnant, tiré de "L'époque Tango tome 2, le Bonnet Rose, La vie mondaine pendant la guerre - Georges-Michel Michel - 1920 :
"On danse pourtant le tango à Deauville. Mais il faut se lever à cinq heures du matin pour voir cela, en plein air, en plein jour, sur la plage. A cette heure matinale, tout le camp anglais, qui vit sur la colline, descend en costumes de higllanciers sur le sable et prend son quotidien bain de mer. La plupart sont des convalescents. Et pour « la réaction », au lieu de boire l’apéritif, ils dansent, entre eux. Et ils dansent quoi? horror ingens [comble de l’horreur] : le tango, le subversif tango joué par le bag-piper de la compagnie. Ah ! sur cette plage normande, dans le petit matin, cet air argentin beuglé par un instrument d'Ecosse, devant cinquante couples masculins en peignoirs, ou une serviette jetée sur les épaules... Un pas en avant, deux pas en arrière... C'est le tango, tango de guerre, tango triste, malgré les jeunes figures rieuses de toutes leurs longues dents britanniques !..."
Dominique LESCARRET |