La disparition du tango sur les quais de la seine.
Chers tangueras, tangueros,
Je me permets de vous écrire pour vous demander votre soutien. Tous les tangeros parisiens connaissent les fameux quais de la Seine où l’on peut danser tous les soirs du mois de mai au mois de septembre depuis déjà 20 ans. Mais aujourd’hui nous vivons les dernières heures de nos quais.
Un petit historique :
Les quais sont animés depuis des années par des volontaires passionnés qui amènent leur propre poste de musique. Les quais sont gratuits et il n’est pas interdit de donner un ou deux euros aux organisateurs pour participer à l’achat des piles et du matériel. Je me rappelle de mes premiers quais de Seine il y a 8 ans où le parc Tino Rossi était presque désert. On y dansait jusqu’à 4 heures voire
5 heures du matin. A l’époque nous n’avions pas de problème avec les autorités, nous pouvions vivre notre passion au bonheur des bados qui venaient s’asseoir pour nous regarder. Puis le concept s’est vite propagé à d’autres disciplines, la capuera, les danses bretonnes, la salsa, les jongleurs, le rock et les … TAMTAMS. L’arrivée des tamtams a été la première source de problème avec les autorités. Le voisinage s’est plaint du bruit incessant des tamtams pendant la nuit. La police est alors intervenue mais sans faire de détail : « On ne peut pas interdire les TAMTAMS sans interdire les autres activités ». Résultat tous les soirs la police était présente pour nous chasser. Je me rappelle que parfois il y avait des CRS en nombre pour nous intimider. En particulier ce soir où une quinzaine de CRS entouraient notre arène et où tout le monde s’était empressé de partir. Nous étions devenus des hors la loi. Mais nous n’avons pas baissé les bras, nous sommes revenus avec des journalistes ce qui a freiné l’ardeur de la police. Bien sur nous avons essayé de faire intervenir nos élus mais sans succès.
Depuis, chaque année les problèmes ne font que s’amplifier. Le tango avec les autres danses se sont alors réunis en association pour pouvoir dialoguer avec nos élus. Aujourd’hui le maire nous autorise l’occupation des arènes du parc Tino Rossi mais jusqu’à minuit, heure à laquelle la plupart des tangueros arrivent. De plus cette heure est à respecter scrupuleusement, car la police veille en renfort d’une dizaine de CRS bien équipés comme j’ai pu le voir certains soirs de cette année 2006.
L’avenir des quais :
Chaque année, on voit aux informations télévisées et dans les journaux des petits reportages sur la danse des quais de Seine. Ces activités sont très bien perçues par nos médias et par les promeneurs. Une photo de l’arène du tango a même servi à un "support publicitaire de la mairie de Paris" ! Or on voit que chaque année nos libertés sont réduites et entourées par des forces policières de plus en plus nombreuses et intolérantes. L’état policier s’installe peu à peu sans que personne ne réagisse. Les organisateurs des quais subissent des pressions constantes de la police (convocations au commissariat, interventions, intimidations) et je comprendrais parfaitement leur décision de tout simplement arrêter les quais. Sans compter que l’extension de Paris plage est à nos portes …
Comment réagir tous ensemble efficacement :
1. Diffuser ce mail à grande échelle
Pour que le maximum de gens puisse avoir l’opportunité de participer à cette action, je vous demande de diffuser ce mail. Je n’ai que très peu d’adresses email en ma possession.
Tous les gens du tango peuvent participer à cette action, mais aussi les gens qui pourraient et voudraient nous soutenir.
2. Ecrire une lettre au maire :
Aujourd’hui, les organisateurs se battent seuls, revendiquent seuls alors que nous sommes si nombreux à vouloir défendre la cause des quais. Je propose que chacun d’entre vous écrive une lettre personnalisée au maire de Paris pour attirer son attention sur la situation. Il faut que le maire comprenne que s’attaquer aux danses sur les quais c’est s’attaquer à nos libertés et que par conséquent cela peut être considéré comme très impopulaire. De plus il faut qu’il comprenne que la danse sur les quais participe à une image très positive de Paris au même titre que les sorties rollers, Paris plage ou l’ouverture des berges aux promeneurs le dimanche. Les gens qui viennent danser le tango ne boivent pas, ne font pas de bruit (il suffit d’aller de l’autre coté de la Seine pour s’en rendre compte), ne se battent pas, respectent le lieu, participent positivement et intelligemment à la vie nocturne de Paris.
Des danseurs du monde entier viennent à Paris pour passer des nuits inoubliables sur nos quais. Le concept a tellement eu de succès qu’il s’est développé dans beaucoup de grandes villes dans le monde (Moscou, Berlin, New York …). Nos quais sont célèbres ! Ils ne coûtent rien à la mairie de Paris.
De plus la danse sur les quais est très populaire auprès des parisiens qui après le travail viennent se détendre en regardant les danseurs, faire un pique nique, ou s’initier tout simplement à la danse.
Paris plage coûte une fortune sans pour cela rassembler autant de personnes que le font les danses sur les quais chaque soir.
Dans cette lettre je vous propose de revendiquer les points suivants :
· Il faut en premier lieu que le maire nous donne l’autorisation de danser sur les quais jusqu’à une heure plus raisonnable pour nous : 2 heures voire 3 heures du matin.
· Il nous faudrait en second lieu, la mise en place de toilettes publiques, éventuellement un local pour entreposer notre matériel et enfin une prise de courant pour alimenter nos postes de musique …
Pour que notre courrier ne passe pas inaperçu, je propose que tout le monde poste sa lettre de revendication le samedi 12 août pour que dès le lundi matin le maire puisse avoir toutes les lettres sur son bureau.
L’adresse est la suivante :
Mairie de Paris
Monsieur Bertrand Delanoë, Maire de Paris
4 rue Lobau
75004 Paris
Attention, la lettre ne doit pas être agressive mais explicative, constructive et revendicative. Le maire pourrait être notre meilleur allié dans la survie des quais.
Les quais nous ont tous apporté pendant des années, cela n’est pas cher payé que de les défendre en écrivant juste cette lettre.
Je voudrais dire un grand merci aux organisateurs des quais qui se battent seuls aujourd’hui et qui nous permettent à tous de vivre des moments réellement inoubliables sur les quais. Je prends l’initiative de cette démarche en accord avec eux.
Fabrice Fagot, le 24 juillet 2006 à Paris.
Fabrice.fagot@free.fr
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