La SNCF détient le record de jours de grève. A croire que la grève est un des statuts de la profession. Le plus grave et le plus insidieux est que tout le monde, à force, a fini par s'habituer à cette dégradation permanente du trafic ferroviaire. On vous annonce même sur les ondes les perturbations de la même sérénité qu'on vous annonce la météo. C'est intolérable. Je ne veux pas m'y faire et ne m'y ferai jamais ! D'où ce ras le bol qui m'incite à écrire ces lignes.
Malgré leurs grasses rémunérations, malgré les avantages en nature conséquents (voyager à l'oeil par exemple), sans parler d'un CE extrêmenent généreux, les pauvres petits cheminots ne sont pas contents de leur sort. Mais alors pas du tout. Ils sont champions du gros caprice et de la prise d'otages. Car lorsque l'on est un service public, faire grève, c'est prendre le public en otage. Et parmi ces otages, il y a toujours des crétins pour prétendre qu'ils ont raison de faire chier le monde.
Récemment, une contrôleuse a été victime d'un abus sexuel, et c'est bien triste. Mais franchement, entre nous, est-ce que tous les corps de métiers s'arrêtent de travailler lorsque l'un ou l'une de ses employés est victime d'une agression ? Non. Il n'y a que le service public pour désorganiser la France. Un colis piégé explose entre les mains d'un employé de la Poste et voilà le pays entier privé de courrier pendant plusieurs jours ! Alors une agression à la SNCF, quelle aubaine pour tous ces feignants ! Ils n'allaient râter une telle occasion de se foutre en grève.
Un viol est un acte dégueulasse, OK. Il mérite justice. Mais pensez-vous que cela nécessite de paralyser le réseau ? De prendre une fois encore les gens en otage ? D'instaurer la pagaille ? Remarquez bien qu'il ne s'arrête pas complètement le trafic, pas fous les mecs ! Seul le frêt roule. Parce qu'immobiliser de la marchandise coûte TRES cher à la SNCF. Tandis que laisser des milliers de passagers en rade, passagers qui ont payé leur billet et qui rentreront en stop, booofff.... les syndicats s'en tamponnent le coquillard. Un syndicaliste défend d'abord ses propres intérêts, par des actions d'envergure, avec la bénédiction des médias compatissants car friands de panique. La pire espèce étant le syndicat du livre dont les adhérents agissent en despotes.
Ca commence à bien faire toutes ces grèves, ces pleurnicheries parce qu'on veut encore et toujours un peu plus de pognon. Parce que les petites revendications mesquines n'aboutissent pas. Mais qu'est-ce que c'est que ce pays ? Il y a toujours un truc en grève !!! Si on comptabilise sur une année le nombre cumulé d'heures de chômage, toutes organisations confondues, on se demande comment le pays arrive encore à produire quelque chose.
Maintenant ce sont les 35 heures qui sont remises en cause. Je crois pour ma part que passer aux 35 h était une belle utopie et que le but de cette noble décision n'a jamais été atteint : c'est à dire embaucher davantage. C'est le contraire qui se passe, ceux qui restent travaillent 2 fois plus pour le même salaire. Il est donc bien légitime qu'il y ait des mécontentements. Mais ces refus de travail systématiques finissent vraiment par lasser au même titre que ces gosses capricieux que l'on n'ose même plus gifler de crainte d'être poursuivis pour mauvais traitement !
Chacun y va de sa petite grève : la SNCF et la Poste, ça on vient d'en parler mais nous avons régulièrement les routiers, la navigation aérienne, les médecins, les psychologues (ça c'est pas vraiment génant), les avocats, les intermitents du spectacle, les journalistes, le paysage audiovisuel français, les enseignants, les dockers, les infirmières, les éboueurs, etc etc... et après on aura quoi ? Les ecclésiastiques ? Les pizzaïoles ? Les accupuncteurs ? Les toiletteurs de chiens-chiens à sa madame ? Comment voulez-vous faire avancer le chmilblic dans un pays où la population râle sans arrêt ? Ne nous étonnons pas de voir les entreprises délocaliser et les grandes enseignes mettre la clé sous la porte.
Tout ça pour dire à ces petits gâtés pourris que Germinal, il y a belle lurette que c'est fini et qu'ils seraient plus crédibles s'il déposaient des préavis de travail, vu le temps qu'ils passent à rouspéter et à réclamer toutes sortes d'indemnités compensatoirement fantaisistes.
Ce sont souvent ceux et celles qui travaillent dans des conditions difficiles qui sont les moins exigeants, qui restent dignes et qui se taisent. Combien de jeunes rêvent d'entreprendre ces carrières dont les titulaires se plaignent au grand jour, devant les caméras de télévision. Quelle indécence vis à vis de la nouvelle génération comme vis à vis des demandeurs d'emploi qui vivent dans la précarité. Avec vos banderoles, vos tracts et vos autocollants, c'est dans le gouffre de la démotivation que vous la précipitez la génération qui demain prendra VOTRE relève.
Plutôt que de passer vos jours à vous plaindre pour un oui ou pour un non, avez-vous seulement une fois dans votre vie, dit "merci", bande de feignasses (je m'adresse aux grévistes chroniques je le rappelle) ? Merci d'avoir du boulot, merci de ne pas vivre sur un territoire en guerre, merci de pouvoir bénéficier de services médicaux rapides et exemplaires, merci d'avoir un toit tandis que d'autres meurent de froid, merci d'avoir la chance d'habiter la France, ce pays que vous êtes sans cesse en train de dénigrer. Moi ça fait 34 ans que je bosse et je n'ai jamais fait grève. Ce n'est pas maintenant que je vais commencer. Braire, c'est pas ma nature, désolé de ne pas rejoindre vos piquets.
Ces dernières années, une nouvelle profession est apparue sur le marché du travail. Elle n'est pas encore publiquement reconnue mais on peut déjà la qualifier pour son grand nombre de titulaires. Cette profession, dont beaucoup excellent à la SNCF, c'est : chialleur.
Il parait qu'il n'y a pas de sot métier.
Francis Melec
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