Le nom même qu’on t’a donné à lui seul te fixe femme. Toi, tu dis : « Je suis femme, et tisseuse. Mais aucun filet n’a reclus mon visage et je ne défais pas la nuit ce qu’on me voit tramer le jour. Oui, je suis femme et je lis maintenant sur des ramettes d’hier : quelle voix est intacte d’écho ? Je suis femme et non quelque vin, fût-il riche, noble et bien arrondi. » Tu dis aussi : « Je savoure l’obscur essentiel dans les mots du visiteur de ce qui reste inexposé tant qu’on l’éclaire. Quand je m’éveille, tu crois au matin; je viens sur toi, la nuit scintille, ruisselle et t’enveloppe. Mais je suis femme, de chair terrestre comme toi, et j’aime que tu m’aimes telle, non comme un astre femelle ou mâle. Femme je suis : ni ton terroir natal, ni ta contrée d’accueil. La musique me touche, et mon âme est de femme, pas dans le corps d’un instrument. » Tu dis : « Je t’aime et t’ouvre mon corsage, comme tu es me traversant, et moi te traversant. Je suis femme. »
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