LE FREUX
Le cri du freux, lui aussi, m’était impénétrable ; ce n’était pas faute de lui prêter – et longuement – l’oreille : rêche, nasillard et bruyant. Tout à coup, un craillement qui arrive, il était là, grave, rauque, effroyable. M’invitait-il, si proche, à prendre en garde l’obscur dans la clarté, ou l’écoute du calme avec son fredon ? À plonger plus profond dans ce laps si furtif de soleil et de guêpes ? Bientôt, naguère ne comptaient plus à l’endroit du chien somnolant. Et le freux criait encore, comme si de rien n’était. Du chien, seul remuait parfois le bout de la queue. Lové dans un peu d’ombre, il incarnait la figure même du présent. Il frémissait. On frémit entre deux instants : on est là, on est absent. On ne coïncide pas.
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