Bonjour, Je vous souhaite à tous une bonne année et je vous réitère l'invitaion D'Aurélie à venir partciper à notre petit atelier d'écriture en manque de participants. [url=http://rencontres.forum2discussion.com/index.htm[/url] Merci. Philippe
Sorte De Voyage À la manière de...
La rencontre du Petit prince et de Saint-Ex dans l'Irak de 2003 écrit à la manière de Louis Ferdinand Céline, avec un clin d'oeil aux exercices de style de Raymond Queneau.
Sorte de Voyage
Voilà comment ça a débuté. Je n’avais jamais rien demandé à personne. Un jour, on est venu me chercher, fallait partir. - Où ça? que j’ai dit. Combattre le mal qu’ils m’ont répondu. Moi qu’avais d’autres chats à fouetter, j’aurais préféré rester tranquille à la maison, suivre ça de loin, sur mon vieux poste. Seulement voilà, depuis quelque temps, on était tous américains, et c’était nous les bons, puisqu’on savait que Dieu est blanc et que tous ceux qui ne seraient pas d’accord avec ça, n’étaient que de sales crevures de terroristes qu’il faudrait bien éliminer pour que notre belle mondialisation s’installe dans l’harmonie. Alors, pour la gloire du Saint Dollar et du Caca Rente, on était tous partis comme un seul homme, et moi aussi. Et j’étais là depuis huit jours, comme un seul homme, au milieu du désert à garder un vieux coucou en panne qui ne volerait peut-être plus jamais. Ca flambait de tous les cotés. Une drôle de fête que ça faisait tous ces villages qui brûlaient à l’horizon. De temps en temps, une méchante flamme s’élevait pour lécher le gros nuage noir qui allait bien finir par bouffer le soleil. Chaque puits de pétrole avait reçu son petit missile, tout ce qui avait été construit par les hommes avait retrouvé son état de poussière initial. C’en était fini de Bagdad, les mille et une nuits avaient fusionné, le mauvais génie allait bientôt rentrer dans sa lanterne. Il n’y avait plus âme qui vive à plus de mille milles à la ronde. Alors, vous imaginez ma surprise quand une drôle de petite voix me fit comme ça : - S’il te plaît M’sieur, dessine- moi un bouton. - Hein? - Quoi? J’enlevais mon masque à gaz et j’écarquillais les yeux. Je n’avais pas la berlue. C’était un sale gosse efflanqué, dans une vilaine djellaba sans couleur et toute rapiécée. - S’il te plaît M’sieur, dessine- moi un bouton. Un pauvre môme de l’embargo que c’était, et tellement habitué à la misère qu’il n'avait jamais dû voir la moindre pièce de monnaie. Il mendiait, non pas pour manger comme vous et moi, il avait oublié sans doute depuis longtemps ce que cela signifiait, non, il mendiait pour du rêve. C’est tellement fantastique pour ces crève-la-faim tout ce qui vient de notre beau monde civilisé, qu’un simple bouton de culotte de chez nous acquiert à leurs yeux une valeur considérable. Tu leur dessines un bouton et ça leur fait du rêve dans leur petite vie de rien, ils s’imaginent en avoir un vrai, peut-être même plusieurs alignés sur un pardessus. Peut-être même qu’ils se voient habillés comme vous et moi, montant Porte Champerret dans un autobus parisien pour vivre une vraie vie d’être humain. |