Ta jupe
Certaines bricoles bord à bord S'ignorent tant qu'elles en perdent Jusqu'à l'ombre de leur présence.
Comment, vers la couture des lèvres, Cueillir les noms dits, les brimborions ? Pas les sobriquets, les à peu près, Endossés peu à peu sans concertation. Non, pas ces faux plis, mais seulement Les noms des choses jaillis en choral. Quand perle entre elles une mélodie : En nos vides, amulettes, elles murmurent… Ce faisant le monde fait salle comble.
Tandis qu'au mur, ces amants muets Comblent l'espace de leurs béguins, Ici, ta jupe caresse la porte, ourlet et gonds Un instant réunis, frôlés, et tout est dit.
Comment dans l'autour de moi Saisir le babil de tes fantaisies De tes chiffons, de tes robes ? Où est la table de Rosette Pour délivrer le chiffre, ton secret, Qu'enfin entre tes silences tissés, Les sabirs, les jargons s'impriment Puis fleurisse en l'hiver l'été
Nos murs sont-ils la grammaire, Ton parfum, le vocabulaire, Et ton passage le mot de passe ?
Qu'en disent les trophées, les masques Morts, pendus aux parois, Yeux cavés sans mot dire ?
L'ayant entendu de leur voix, Est-ce tes choses qui me tutoient, Lorsque par hasard, m'effleurant, Ton sillage encore y chante ? |