Sonnet
Les langoustes, cambrées, se montrent fort lascives, Proches des cornichons vautrés dans le pâté. Livides, les boudins ont le ventre éclaté. Morts, dorés, les canards dégorgent leurs olives.
La dinde se dandine sur un lit d'endives Et de marrons. Ecoutez le vin glouglouter, Imitant le dindon ; le sapin clignoter ; Et le cri citronné, muet, des huîtres vives.
On dévore avec dévotion les tranches fines Du Jésus, le foie gras divin dans sa terrine, Et de la moelle onctueuse avec un peu de sel.
Seuls, gelés, dans la rue, des gosses se partagent Un festin d'huile rance où trois sardines nagent. Que pourrais-je ajouter ? Ah oui! Joyeux Noël!
(Christian Poslaniec) |