Les huîtres
Je vis rarement pour de vrai, toi depuis des heures Tu ouvres dans la cuisine les huîtres parvenues Jusqu’ici (munies de nombreux papiers) et La main endolorie dans le gant plastique
Tu chantes. Les Wolf, eux, ne pensent plus Qu’à bâfrer, ce qu’ils font comme le reste, Avec profondeur. Ce sont encore des êtres humains ! Et moi, avec beaucoup de citron, j’anesthésie
D’abord les bestioles nues puis mon palais Et j’avale sans vaillance, tandis que tu gobes Avec délice et répulsion deux douzaines De ces petites cramouilles de la mer. Tiens, dis-je,
Laisser la vie sur la langue fondre Entre désir et dégoût, oui.
Volker Braun, traduction d'Alain Lance |