Comment savoir ton plus profond désir quand toi-même ne peux en sonder les abysses ? Pourtant, que d’essais pour t’atteindre, toi l’hôtesse d’infini, moi confiné à l’humus et au sable ! Je demeure l’enfant, perdu en bord de mer, qui se mouille les pieds, effaré par le large. Consentir à n’entendre que la mélopée qui s’y joue m'allouerait-il le calme, t'entendre toi, toi musique née de plus loin que l’on ne croit, de bien trop loin pour un accès, comme le souffle doux et lent d’une jeune géante endormie? Ignores-tu que tu te montres lorsque, bras courbés autour du sommeil, tu écartes le drap, cotte de mailles trop étroite ? Quelle tension recherches-tu de quels regards sollicités ? Quelle couleur d’iris ces yeux que tu rêves te voir ? Tu offres des genoux, tu les veux sans défense. Que ton mystère s’insinue, il m’emporte dans sa vague, toutes digues abolies ; que j’aille au plus obscur de moi, je t’y trouve te dénudant… Ton secret forme mon désir, comme l’argile, des mains au potier ; ou la cible, arc et flèche. |