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babel
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La dernière fois que t’ai vu, c’était à l’hiver dernier. Tu me semblais bien dans la nuit et ton âge. Derrière toi, on allait traverser le cimetière pour rejoindre la petite église ou chantait Julos. Je ne te savais si près de ta mort. Tu portais, ce soir-là, une robe en lames de tissus blancs, accrochées entre tes branches et des pierres lourdes et rondes comme tes planètes autour de toi, leur soleil végétal… Tu étais beau et belle, comme seules et seuls les arbres savent l’être quand des vertigos de lumière illuminent leurs aisselles où la mousse et les lichens sentent la sueur de vivre. Tu t’en souviens, attendant sous ta ramure nous parlions le temps d’une cigarette, et les phares des voitures tournaient autour de toi cherchant où se garer, tandis que toi et tes racines vous deveniez ombres pour enlacer la nuit, les faîtages, et le vent d’hiver. Alors, laisse-moi un instant encore sentir ton écorce patiente, accueillante aux chiens perdus comme aux confidences les plus amères et les plus douces, ton écorce anodine, où il faisait bon toucher le temps qui passe… oui, avant que le rideau tombe avec la bâche qui couvrira tes moignons de clown démaquillé, laisse-moi te dire : « Salut, l’artiste »
babel au marronnier de Tourinnes-la-Grosse, dimanche 18 novembre 2007 |
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jenofa |
Posté le: 18/11/2007 08:42 | Sujet du message: Pleurer comme un saule | |
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Titre de votre page WebTu m'as fait pleurer, camarade. Tu crois que j'ai besoin de ça, là? |
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babel
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c'est ainsi que tu arroses ton coeur pour qu'il fleurisse. Pleure, et ne noie pas la plante...
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aurelie
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| "babel" a écrit: | | La dernière fois que t’ai vu, c’était à l’hiver dernier. Tu me semblais bien dans la nuit et ton âge. Derrière toi, on allait traverser le cimetière pour rejoindre la petite église ou chantait Julos. Je ne te savais si près de ta mort. Tu portais, ce soir-là, une robe en lames de tissus blancs, accrochées entre tes branches et des pierres lourdes et rondes comme tes planètes autour de toi, leur soleil végétal… Tu étais beau et belle, comme seules et seuls les arbres savent l’être quand des vertigos de lumière illuminent leurs aisselles où la mousse et les lichens sentent la sueur de vivre. Tu t’en souviens, attendant sous ta ramure nous parlions le temps d’une cigarette, et les phares des voitures tournaient autour de toi cherchant où se garer, tandis que toi et tes racines vous deveniez ombres pour enlacer la nuit, les faîtages, et le vent d’hiver. Alors, laisse-moi un instant encore sentir ton écorce patiente, accueillante aux chiens perdus comme aux confidences les plus amères et les plus douces, ton écorce anodine, où il faisait bon toucher le temps qui passe… oui, avant que le rideau tombe avec la bâche qui couvrira tes moignons de clown démaquillé, laisse-moi te dire : « Salut, l’artiste »
babel au marronnier de Tourinnes-la-Grosse, dimanche 18 novembre 2007
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Comme m'a dit Julos, il survivra.Que chaque enfant plante un marron. C'est toujours triste la mort d'un arbre. Aurélie |
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