| "babel" a écrit: | | Il est matin comme hier et demain. La bouche grande ouverte, le métro récite l’annuaire des Parisiens en une longue phrase que sa fatigue l’empêche de bien articuler. Il est matin comme hier et demain. Les pigeons sur le bord des bureaux regardent étonnés les lampes s’allumer, les tables s’agiter et les humains qui pour décoller sont obligés de prendre l’ascenseur. Il est matin et c’est un matin unique, mais seul le décor semble s’en rendre compte. À peine le temps de réaliser cela, et la matinée, venues sans escalator ni autobus, sans taxi ni moto, a pris place dans les draps mouillés du matin.
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Combien de jours de nuits ai-je veillé, guettant le cœur de ton silence, cette puissance condensée là où l’ombre, jusqu’au secret, s’évide, celle-là même que voile ton éclat ? Je t’attendais, je croyais arracher ce voile sur la chair qui se dénude, toi telle qu’imaginée. Je t’attends et, faisant le noir (« aucune nuit sans toi ne monte »), cherche dans le corps de l’ombre la griffe ouverte et fugace de l’énigme que tu inscris. Je t’attends contractée dans l'abord de ta joie, je t’attends dans ta fleur taciturne écumante, je t’attends pour te dire aux jusants du matin. J’entends ta langue, agile et tendre, qui veut savoir ce que je fais de ton silence, ce que je dis de son désir : « chaque jour ne vient pas comme un jour qui commence. » Je t’attends pour inventer, non pas le dernier mot du monde, mais un avenir imprévu. |