Il a fallu récolter les empreintes de toi sur les verres, sur la porte du réfrigérateur, sur l’oreiller et il a fallu ramasser tes ombres, aspirer tes voix derrière les fauteuils et sur les rideaux. Il a fallu rassembler toutes tes silhouettes et provoquer des esquisses de toi en angles que je ne montrerai pas.
Les photographies moites et chaudes encore de ta peau, ta peau sous le cuir du bracelet de ta montre quand tu l’enlevais avant de laisser tes mains prendre possession et pousser le sommeil ailleurs, chez les voisins. Il a fallu gaspiller la nuit en musiques discordantes pour faire le deuil des jeux de paumes, des lignes de vie, d’amour et de travail.
La nuit, il faudrait faire table rase des photographies et des bibelots bavards qui racontent les réalités, des réalités intimes comme la lèvre d’un amant.
Pas de pages serties de jalousies, de remords, de reproches. Mais j’espère qu’avec son sarcasme habituel, ce matin, la serveuse fera frire ton breakfast strictement végétarien dans le saindoux.
February 86 |