Avec l’aulne au bois tendre, le printemps fait son entrée, sans qu’on ait décelé ses approches. Ce n’est pas faute de chatons violacés leur pollen amateur de vent : comme mille petites choses, ils attisent peu de regards, quand l’œil risque, à chaque syllabe, d’allumer un incendie. Le tronc de l’arbre, fendu, saigne, sang de sorcière, ont-ils craint – sang de feu. Les flammes rentrent dans nos os, œsophage, trachée artère ; et voici que le jour mat (sourde braise) rivalise avec la nuit claire. Près d’une eau qui fuit sous les arbres désormais sans roi, nous, corps accordés, pesants, attiédis de sueur, composons avec la terre. Mais nous savons : nul aujourd’hui ne manque d’ombre ! |