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Francois |
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L’ombre du frêne, lui le hautain qui attire la foudre, donne du sens à la parole. Ses langues d’oiseau, ont-ils cru, repoussent les serpents. Vif, impulsif, dur comme hampe de javeline, il exige. Et ce n’est pas l’oiseau du voisinage, tantôt croulant, tantôt fouillant, flexible, la boue molle, qui lui contestera le pouvoir sur les eaux. Lui aime voir sourdre l’insondable source, où les vocables, en germe, affleurent enfin le sol, discrets mais incoercibles. Vocables à fumet de rhizomes putrides, sève de laîche aux saveurs de jadis et regards à merveilles. Lui, semblant relier l’obscur au bleu du ciel, aime sentir lever la jubilation d’être. Que pourrait-il offrir de plus grand que le gouffre, sinon s’abreuver avec toi des sucs amers du soir disparaissant ? |
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anouke
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Posté le: 29/10/2007 08:48 | Sujet du message: et dans l'ombre | |
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Et le lierre grimpant s'incline dans l'ombre, |
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babel
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| "Francois" a écrit: | | Que pourrait-il offrir de plus grand que le gouffre, sinon s’abreuver avec toi des sucs amers du soir disparaissant ? |
Je relis ce « bout de temps » en aimant attiré encore. Je voudrais répondre donner un écho. Eh, voilà le hic ! Être à la hauteur… Après tout, pourquoi ne pas rester au point où j’en suis ? Au soir, les sucs du jour me sont doux. Je suis un hibou, un nocturne. Le temps passe avec plus de goût dans mes nuits. Au matin, le temps m’a mis nu, tout nu, revêtu d’un âge de seconde main. L’aube et son or logent dans mes recoins où je m’endors à mon tour. En filigrane, le décompte se fait. Mais de nuit, qui le voit ? Je suis un de la nuit, le jour est un long dimanche que je remplis pour le faire passer au plus vite. Qui déjà avait dit que sa lumière était la dernière [allumée] du village ?
« Que pourrait-il [le frêne] offrir de plus grand que le gouffre, sinon s’abreuver avec toi des sucs amers du soir disparaissant ? » Le temps sans cesse me fascine : m’efface. Ainsi, tout arbre attire et enfourne tout ce qui passe, même le temps, dans son ombre et dans son feuillage, sauf la nuit, la pure nuit qui déjà a avalé les branches autant que les murs. La nuit, ma nuit, dépourvue d’ombres sûres, parfois encombrée d'opacités artificielles ou passagères, avec son méli-mélo de brumes en ton sur ton pour frondaison. Tout y est simple, et bordé de silence, alors « s’abreuver avec tel ou telle des sucs du soir » devient une chose rare, réservée à l’intimité, amicale ou amoureuse : celle qui sait garder le souvenir d’une souris trottant dans un tas de feuilles, et le long ronflement des générateurs et de la ville assoupis. Le tout venant avec ce bout de temps à l'écorce sombre et à la pulpe pailletée de moments brillants, disponible pour moi seul en guise d'appui-tête et de garde-rêve.
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Francois |
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[quote="babel"] | "Francois" a écrit: | | Que pourrait-il offrir de plus grand que le gouffre, sinon s’abreuver avec toi des sucs amers du soir disparaissant ? |
Je relis ce « bout de temps » en aimant attiré encore. Je voudrais répondre donner un écho. Eh, voilà le hic ! Être à la hauteur… Après tout, pourquoi ne pas rester au point où j’en suis ? Au soir, les sucs du jour me sont doux. Je suis un hibou, un nocturne. Le temps passe avec plus de goût dans mes nuits. Au matin, le temps m’a mis nu, tout nu, revêtu d’un âge de seconde main. L’aube et son or logent dans mes recoins où je m’endors à mon tour. En filigrane, le décompte se fait. Mais de nuit, qui le voit ? Je suis un de la nuit, le jour est un long dimanche que je remplis pour le faire passer au plus vite. Qui déjà avait dit que sa lumière était la dernière [allumée] du village ?
« Que pourrait-il [le frêne] offrir de plus grand que le gouffre, sinon s’abreuver avec toi des sucs amers du soir disparaissant ? » Le temps sans cesse me fascine : m’efface. Ainsi, tout arbre attire et enfourne tout ce qui passe, même le temps, dans son ombre et dans son feuillage, sauf la nuit, la pure nuit qui déjà a avalé les branches autant que les murs. La nuit, ma nuit, dépourvue d’ombres sûres, parfois encombrée d'opacités artificielles ou passagères, avec son méli-mélo de brumes en ton sur ton pour frondaison. Tout y est simple, et bordé de silence, alors « s’abreuver avec tel ou telle des sucs du soir » devient une chose rare, réservée à l’intimité, amicale ou amoureuse : celle qui sait garder le souvenir d’une souris trottant dans un tas de feuilles, et le long ronflement des générateurs et de la ville assoupis. Le tout venant avec ce bout de temps à l'écorce sombre et à la pulpe pailletée de moments brillants, disponible pour moi seul en guise d'appui-tête et de garde-rêve.
"Etre à la hauteur" ? De quelle "hauteur" peut-il bien s'agir ? S'il y a une hauteur souhaitable, ce ne peut être que la tienne, celle à laquelle tu se situes, celle où tu t'institues toi, auteur-lecteur du texte proposé à lecture ! Merci donc de rester "au point où" tu en es... A quelle meilleure hauteur "l'auteur" du texte lu aurait-il pu rêver ? |
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babel
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Ta bribe de calendrier m'a emporté plus qu'emmené jusqu'en des hauteurs inattendues... Pas mal pour un gouffre ! C'était bien bon....bien venu. J'ai regardé de plus près "ce que me dit le mois de novembre" cette nuit. J'aime bien faire des croquis. bon, 9 h 43, déjà, et si je travaillais un peu… |
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anouke
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Posté le: 30/10/2007 04:27 | Sujet du message: Lu , , , | |
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Que c'est bon et beau lire ce que vous écrivez, Merci , |
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