INFIDÈLE
Les minimes dissemblances, cent vétilles où nous divergeons, disputes ménagères où ton gré conduit la marche des usages parce qu’il s’agit, dans l’alternative, de trancher et d’adopter telle pratique, telle mise en ordre des choses, d’entrebâiller les contrevents de la chambre pour que le noir ne claustre pas, de façon que la forme de vie conjointe soit moins l’effet de compromis qu’accordée à la guise de vivre de l’un, c’est de toi ; la suite, toi sitôt absente, en est omise ou inversée qui rehausse l’aloi du vécu : je laisse lueurs d’aube trou d’éclat pâle dans la pénombre devenant aurore se râper les ongles sur la fenêtre aveugle, ne range pantalons ni chemise ou n’ai vergogne d’un drap fripé : voilà bassesse, affaissement, inconstance, émotions boiteuses ; une trahison. Je me souviens, ta voix ses craquelures ses ravins anxieux, ton dos tourné, mes mains hantées de tes hanches, le corps que je suis s’ébranle et tâtonne. Si les fleurs du tapis, pour nos reins, furent douces, nous n’avons pas la même hoirie, toi qui, de loin, me maintiens immergé comme en ton parfum, comme quand je respire au creux de ton aisselle. Nous sommes – harmonieux car désynchronisés.
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