C’est un soir comme on les aime. On en vient à se souvenir avec joie de moments où l’on était malheureux une autre fois on s’en souviendra tristement de ce soir où l’on est simplement heureux…
C’est un soir où l’on finit par se taire un mot de trop pourrait être un maléfice tout semble si complet à cet instant il n’y a rien à ajouter, qui ne risque d’être en trop.
C’est un soir qu’on garde pour soi même quand on le vit avec plein d’autres Les mots tournent au fade à son sujet Ou bien se gonflent dans le trop, se boursouflent. Car on a n’a pas sauvé le monde, On n’a pas dépassé Roméo ni Juliette Sur l'échelle de Richter de la passion On n’a pas inventé la poudre On n’a pas cassé trois pattes à un canard C’est pourtant un soir comme on en veut plus souvent Un de ceux où les yeux fermés le sommeil venant juste avant lui dans le noir, on sent Une lumière intérieure nous doucher couler, rouler autour de nous : atour de soi On n’a pas fait pas sauter la banque On n’a pas fait du bruit à Landerneau ni ailleurs On n’a pas changé la face du monde On n’est arrivé à la cheville d’aucun héros On n’a rien fait que de très ordinaire avec ces gens qui font notre ordinaire
Maintenant… avec la majesté de ceux qui sont là pour ça qui n’ont rien d’autre à faire le soir est venu appuyer sur off Il a éteint la journée, par habitude et l’a rangée avec les autres dans le passé il l’a étiquetée, l’a emballée à l’imparfait : ça paraît idiot, mais ça ne change rien Il n’y peut rien : imparfait pour lui, parfait pour nous Ce jour sans prétention qui fait bien par où ça passe |