J'ai beaucoup aimmé cette prose belle, mais réaliste... merci Fraternellement Marc
----- Message d'origine ----- ou : "À la verticale des ammonites"
Lentement tu ouvres la bouche, Avec soin, tu extrais d’entre tes dents Un point d’interrogation, Une courbe enroulée sur elle-même, sur toi. Ta question s’est posée en termes choisis. La réponse, tu l’as bien cherchée, au fond : La résonance sert la soupe faute de logique Dans des faïences bleues, pour garder les apparences Saines et sauves. Tes énigmes s’éclairent en couches superposées : En jupons crêpés pour garder la virginité du futur. Et puis Enfin déposées sur quelques rayonnages Une à une, les espèces éteintes façonnent La nuit Où passent les uniformes des gardiens Où tu finiras par te reposer, muet, éternel, À la verticale des ammonites. Tu saisis ta chance, tu prends la parole. Tire sur le fil du micro, enfourche tes rêves ! Le temps ? C’est un serpent Il se déroule sans jamais se mordre. Il ne file jamais droit, Il connaît la tangente. Il coupe les virages Ton moteur lâche des gerbes d’étincelles En raclant l’asphalte quand tu penches Tu y es : tu laisses ta trace dans l’histoire. Il est pour toi ce bouquet, toi l’inconnu. Creuse toi le cortex, agite tes sillons Rentre dans le vortex de ces microsillons Et chante le blues des grandes illusions Sur un soixante-dix huit tours fané Spiralé comme une vieille ammonite Essaye donc, la bleusaille ! Touche l’Histoire du bout des doigts ! Cherche à lui voler un peu de son stuc : Elle se lovera dans sa coquille… De cancans en rumeurs, tu pourras te suivre À sa trace suintante sur les pages Dans l’encre séchée, cristallin sentier de gloire, Sur les mémentos dévorés par les limaces Dans les encadrés des livres d’Histoire Oh…Vas-y, tu en meurs d’envie ! Mais vas-t-en, donc ! Déjà tu te dessèches… Si tu cours vite, tu sauras où attendre sa sortie : À la verticale des ammonites. L’escargot du temps montre ses cornes Il jaillit d’une spire finement ciselée Écho d’un écho d’un écho de la première Agonie Sous des discours de miel et de farine Colimaçon pâteux de cieux brumeux et chargés De la vapeur des ferry-boats au dessus des charniers Des fumées des chaumières des contes de fées Chaque houle où tu t’agites est une révolution du vent Et tu es son petit soldat, un éclat sur Une spire si finement martelée, Sur peu d’éternité infiniment repliée sur elle-même Jusqu’à briquer une perle : un simple et pur instant Posé là : Aleph, écrit en forme d’Oméga. Un point en suspension Dans la verticale des ammonites.
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