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babel |
Posté le: 11/5/2007 02:56 | Sujet du message: Enième extinction de l'espèce | |
Email: babel@etoiles.net | |
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ou : "À la verticale des ammonites"
Lentement tu ouvres la bouche, Avec soin, tu extrais d’entre tes dents Un point d’interrogation, Une courbe enroulée sur elle-même, sur toi. Ta question s’est posée en termes choisis. La réponse, tu l’as bien cherchée, au fond : La résonance sert la soupe faute de logique Dans des faïences bleues, pour garder les apparences Saines et sauves. Tes énigmes s’éclairent en couches superposées : En jupons crêpés pour garder la virginité du futur. Et puis Enfin déposées sur quelques rayonnages Une à une, les espèces éteintes façonnent La nuit Où passent les uniformes des gardiens Où tu finiras par te reposer, muet, éternel, À la verticale des ammonites. Tu saisis ta chance, tu prends la parole. Tire sur le fil du micro, enfourche tes rêves ! Le temps ? C’est un serpent Il se déroule sans jamais se mordre. Il ne file jamais droit, Il connaît la tangente. Il coupe les virages Ton moteur lâche des gerbes d’étincelles En raclant l’asphalte quand tu penches Tu y es : tu laisses ta trace dans l’histoire. Il est pour toi ce bouquet, toi l’inconnu. Creuse toi le cortex, agite tes sillons Rentre dans le vortex de ces microsillons Et chante le blues des grandes illusions Sur un soixante-dix huit tours fané Spiralé comme une vieille ammonite Essaye donc, la bleusaille ! Touche l’Histoire du bout des doigts ! Cherche à lui voler un peu de son stuc : Elle se lovera dans sa coquille… De cancans en rumeurs, tu pourras te suivre À sa trace suintante sur les pages Dans l’encre séchée, cristallin sentier de gloire, Sur les mémentos dévorés par les limaces Dans les encadrés des livres d’Histoire Oh…Vas-y, tu en meurs d’envie ! Mais vas-t-en, donc ! Déjà tu te dessèches… Si tu cours vite, tu sauras où attendre sa sortie : À la verticale des ammonites. L’escargot du temps montre ses cornes Il jaillit d’une spire finement ciselée Écho d’un écho d’un écho de la première Agonie Sous des discours de miel et de farine Colimaçon pâteux de cieux brumeux et chargés De la vapeur des ferry-boats au dessus des charniers Des fumées des chaumières des contes de fées Chaque houle où tu t’agites est une révolution du vent Et tu es son petit soldat, un éclat sur Une spire si finement martelée, Sur peu d’éternité infiniment repliée sur elle-même Jusqu’à briquer une perle : un simple et pur instant Posé là : Aleph, écrit en forme d’Oméga. Un point en suspension Dans la verticale des ammonites. |
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François France |
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LA VIPÈRE
Pour venir sur la route au goudron luisant où, nu-pieds, je lui broyai la tête, de quels buissons, quel pierrier, quel interstice du temps la fille de la nuit avait-elle rampé, déliée de l’hiver, elle qu’on prétendait indifférente à tout charme et peut-être non-voyante, l’envenimeuse, fascinante, suborneuse vipère écarlate des rêves, reptile au regard meurtrier ou vigile atroce des garrigues, parente obscure du naja, modeste stupeur rustaude ? Clairvoyante, sans doute elle avait fulguré, tracé sillage de chimère entre les mottes, entre giclures de figuiers aux failles verticales des rocs. Qu’avait-elle subi le long de la rivière : des berges effondrées, mues, gravats et détritus ? Et, supposée sensible aux sons, qu’avait-elle perçu parmi les grandes berces rudérales, au milieu des charognes, dans les ravins les ornières ? des bruissements, non pas d’épineux, mais de qui, de quoi ? le long délitement de quelque chose d’inconnu ? Son souple ondulement de sensualité serpentine l’avait conduite ici, émissaire de chance ou angoisse qui siffle, s’entrelaçant comme une phrase avec branche de laurier, ou cep. Langue dardée, bifide. À quel moment la peur s’insinue-t-elle, cri très grave qui naît dans le ventre et monte fracassant, aigu sans qu’il y paraisse rien ? Peur de savoir. L'intonation du sang vicié d’inassouvi. Sombre odeur de terre humide, exigence du désir. Puissance de l’Enclos perdu – des perles de réel éclataient dans les veines.
L’ALEPH
Les arcatures silencieuses d’un jardin abbatial, l’Y puissant et féminin d’un platane ou d’un hêtre, la rive d’une calanque : autant d’aleph entre les branches souveraines desquels s’offrent de possibles découvertes du monde, celles pourquoi rien n’impose d’organiser une expédition. Nulle ne nous est hors de portée, cependant elles se dérobent, moins nous en sommes loin et plus elles s’esquivent, nous acculant à nous mettre en quête avec un zèle redoublé. L’aleph, par là, fait figure d’insondable, quand l’univers qui l’enclot, nuit venant, ne cesse de s’amenuiser à vue d’œil. Aleph, aussi, comme ailes en essor, deux pages du livre ouvert près de l’oreiller et dans lequel nous musons, seuls, conversant tout de même, transportés que nous sommes vers les énigmes qu’il héberge. Lorsque vient le sommeil, nous devinons que l’aurore va rosir entre les lignes. Mais quel aleph plus inaugurant que la naissance de tes seins et tes cuisses en accueil ?
----- Message d'origine ----- ou : "À la verticale des ammonites"
Lentement tu ouvres la bouche, Avec soin, tu extrais d’entre tes dents Un point d’interrogation, Une courbe enroulée sur elle-même, sur toi. Ta question s’est posée en termes choisis. La réponse, tu l’as bien cherchée, au fond : La résonance sert la soupe faute de logique Dans des faïences bleues, pour garder les apparences Saines et sauves. Tes énigmes s’éclairent en couches superposées : En jupons crêpés pour garder la virginité du futur. Et puis Enfin déposées sur quelques rayonnages Une à une, les espèces éteintes façonnent La nuit Où passent les uniformes des gardiens Où tu finiras par te reposer, muet, éternel, À la verticale des ammonites. Tu saisis ta chance, tu prends la parole. Tire sur le fil du micro, enfourche tes rêves ! Le temps ? C’est un serpent Il se déroule sans jamais se mordre. Il ne file jamais droit, Il connaît la tangente. Il coupe les virages Ton moteur lâche des gerbes d’étincelles En raclant l’asphalte quand tu penches Tu y es : tu laisses ta trace dans l’histoire. Il est pour toi ce bouquet, toi l’inconnu. Creuse toi le cortex, agite tes sillons Rentre dans le vortex de ces microsillons Et chante le blues des grandes illusions Sur un soixante-dix huit tours fané Spiralé comme une vieille ammonite Essaye donc, la bleusaille ! Touche l’Histoire du bout des doigts ! Cherche à lui voler un peu de son stuc : Elle se lovera dans sa coquille… De cancans en rumeurs, tu pourras te suivre À sa trace suintante sur les pages Dans l’encre séchée, cristallin sentier de gloire, Sur les mémentos dévorés par les limaces Dans les encadrés des livres d’Histoire Oh…Vas-y, tu en meurs d’envie ! Mais vas-t-en, donc ! Déjà tu te dessèches… Si tu cours vite, tu sauras où attendre sa sortie : À la verticale des ammonites. L’escargot du temps montre ses cornes Il jaillit d’une spire finement ciselée Écho d’un écho d’un écho de la première Agonie Sous des discours de miel et de farine Colimaçon pâteux de cieux brumeux et chargés De la vapeur des ferry-boats au dessus des charniers Des fumées des chaumières des contes de fées Chaque houle où tu t’agites est une révolution du vent Et tu es son petit soldat, un éclat sur Une spire si finement martelée, Sur peu d’éternité infiniment repliée sur elle-même Jusqu’à briquer une perle : un simple et pur instant Posé là : Aleph, écrit en forme d’Oméga. Un point en suspension Dans la verticale des ammonites.
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Marc POMMIER France |
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----- Message d'origine ----- LA VIPÈRE
Pour venir sur la route au goudron luisant où, nu-pieds, je lui broyai la tête, de quels buissons, quel pierrier, quel interstice du temps la fille de la nuit avait-elle rampé, déliée de l’hiver, elle qu’on prétendait indifférente à tout charme et peut-être non-voyante, l’envenimeuse, fascinante, suborneuse vipère écarlate des rêves, reptile au regard meurtrier ou vigile atroce des garrigues, parente obscure du naja, modeste stupeur rustaude ? Clairvoyante, sans doute elle avait fulguré, tracé sillage de chimère entre les mottes, entre giclures de figuiers aux failles verticales des rocs. Qu’avait-elle subi le long de la rivière : des berges effondrées, mues, gravats et détritus ? Et, supposée sensible aux sons, qu’avait-elle perçu parmi les grandes berces rudérales, au milieu des charognes, dans les ravins les ornières ? des bruissements, non pas d’épineux, mais de qui, de quoi ? le long délitement de quelque chose d’inconnu ? Son souple ondulement de sensualité serpentine l’avait conduite ici, émissaire de chance ou angoisse qui siffle, s’entrelaçant comme une phrase avec branche de laurier, ou cep. Langue dardée, bifide. À quel moment la peur s’insinue-t-elle, cri très grave qui naît dans le ventre et monte fracassant, aigu sans qu’il y paraisse rien ? Peur de savoir. L'intonation du sang vicié d’inassouvi. Sombre odeur de terre humide, exigence du désir. Puissance de l’Enclos perdu – des perles de réel éclataient dans les veines.
L’ALEPH
Les arcatures silencieuses d’un jardin abbatial, l’Y puissant et féminin d’un platane ou d’un hêtre, la rive d’une calanque : autant d’aleph entre les branches souveraines desquels s’offrent de possibles découvertes du monde, celles pourquoi rien n’impose d’organiser une expédition. Nulle ne nous est hors de portée, cependant elles se dérobent, moins nous en sommes loin et plus elles s’esquivent, nous acculant à nous mettre en quête avec un zèle redoublé. L’aleph, par là, fait figure d’insondable, quand l’univers qui l’enclot, nuit venant, ne cesse de s’amenuiser à vue d’œil. Aleph, aussi, comme ailes en essor, deux pages du livre ouvert près de l’oreiller et dans lequel nous musons, seuls, conversant tout de même, transportés que nous sommes vers les énigmes qu’il héberge. Lorsque vient le sommeil, nous devinons que l’aurore va rosir entre les lignes. Mais quel aleph plus inaugurant que la naissance de tes seins et tes cuisses en accueil ?
----- Message d'origine ----- ou : "À la verticale des ammonites"
Lentement tu ouvres la bouche, Avec soin, tu extrais d’entre tes dents Un point d’interrogation, Une courbe enroulée sur elle-même, sur toi. Ta question s’est posée en termes choisis. La réponse, tu l’as bien cherchée, au fond : La résonance sert la soupe faute de logique Dans des faïences bleues, pour garder les apparences Saines et sauves. Tes énigmes s’éclairent en couches superposées : En jupons crêpés pour garder la virginité du futur. Et puis Enfin déposées sur quelques rayonnages Une à une, les espèces éteintes façonnent La nuit Où passent les uniformes des gardiens Où tu finiras par te reposer, muet, éternel, À la verticale des ammonites. Tu saisis ta chance, tu prends la parole. Tire sur le fil du micro, enfourche tes rêves ! Le temps ? C’est un serpent Il se déroule sans jamais se mordre. Il ne file jamais droit, Il connaît la tangente. Il coupe les virages Ton moteur lâche des gerbes d’étincelles En raclant l’asphalte quand tu penches Tu y es : tu laisses ta trace dans l’histoire. Il est pour toi ce bouquet, toi l’inconnu. Creuse toi le cortex, agite tes sillons Rentre dans le vortex de ces microsillons Et chante le blues des grandes illusions Sur un soixante-dix huit tours fané Spiralé comme une vieille ammonite Essaye donc, la bleusaille ! Touche l’Histoire du bout des doigts ! Cherche à lui voler un peu de son stuc : Elle se lovera dans sa coquille… De cancans en rumeurs, tu pourras te suivre À sa trace suintante sur les pages Dans l’encre séchée, cristallin sentier de gloire, Sur les mémentos dévorés par les limaces Dans les encadrés des livres d’Histoire Oh…Vas-y, tu en meurs d’envie ! Mais vas-t-en, donc ! Déjà tu te dessèches… Si tu cours vite, tu sauras où attendre sa sortie : À la verticale des ammonites. L’escargot du temps montre ses cornes Il jaillit d’une spire finement ciselée Écho d’un écho d’un écho de la première Agonie Sous des discours de miel et de farine Colimaçon pâteux de cieux brumeux et chargés De la vapeur des ferry-boats au dessus des charniers Des fumées des chaumières des contes de fées Chaque houle où tu t’agites est une révolution du vent Et tu es son petit soldat, un éclat sur Une spire si finement martelée, Sur peu d’éternité infiniment repliée sur elle-même Jusqu’à briquer une perle : un simple et pur instant Posé là : Aleph, écrit en forme d’Oméga. Un point en suspension Dans la verticale des ammonites.
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Marc POMMIER France |
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J'ai beaucoup aimmé cette prose belle, mais réaliste... merci Fraternellement Marc
----- Message d'origine ----- ou : "À la verticale des ammonites"
Lentement tu ouvres la bouche, Avec soin, tu extrais d’entre tes dents Un point d’interrogation, Une courbe enroulée sur elle-même, sur toi. Ta question s’est posée en termes choisis. La réponse, tu l’as bien cherchée, au fond : La résonance sert la soupe faute de logique Dans des faïences bleues, pour garder les apparences Saines et sauves. Tes énigmes s’éclairent en couches superposées : En jupons crêpés pour garder la virginité du futur. Et puis Enfin déposées sur quelques rayonnages Une à une, les espèces éteintes façonnent La nuit Où passent les uniformes des gardiens Où tu finiras par te reposer, muet, éternel, À la verticale des ammonites. Tu saisis ta chance, tu prends la parole. Tire sur le fil du micro, enfourche tes rêves ! Le temps ? C’est un serpent Il se déroule sans jamais se mordre. Il ne file jamais droit, Il connaît la tangente. Il coupe les virages Ton moteur lâche des gerbes d’étincelles En raclant l’asphalte quand tu penches Tu y es : tu laisses ta trace dans l’histoire. Il est pour toi ce bouquet, toi l’inconnu. Creuse toi le cortex, agite tes sillons Rentre dans le vortex de ces microsillons Et chante le blues des grandes illusions Sur un soixante-dix huit tours fané Spiralé comme une vieille ammonite Essaye donc, la bleusaille ! Touche l’Histoire du bout des doigts ! Cherche à lui voler un peu de son stuc : Elle se lovera dans sa coquille… De cancans en rumeurs, tu pourras te suivre À sa trace suintante sur les pages Dans l’encre séchée, cristallin sentier de gloire, Sur les mémentos dévorés par les limaces Dans les encadrés des livres d’Histoire Oh…Vas-y, tu en meurs d’envie ! Mais vas-t-en, donc ! Déjà tu te dessèches… Si tu cours vite, tu sauras où attendre sa sortie : À la verticale des ammonites. L’escargot du temps montre ses cornes Il jaillit d’une spire finement ciselée Écho d’un écho d’un écho de la première Agonie Sous des discours de miel et de farine Colimaçon pâteux de cieux brumeux et chargés De la vapeur des ferry-boats au dessus des charniers Des fumées des chaumières des contes de fées Chaque houle où tu t’agites est une révolution du vent Et tu es son petit soldat, un éclat sur Une spire si finement martelée, Sur peu d’éternité infiniment repliée sur elle-même Jusqu’à briquer une perle : un simple et pur instant Posé là : Aleph, écrit en forme d’Oméga. Un point en suspension Dans la verticale des ammonites.
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babel |
Posté le: 12/5/2007 10:29 | Sujet du message: lecture en limousine ? | |
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C'est maintenant, 48 heures après, que je commence à pouvoir le lire...sentiment étrange d'avoir été un tunnel, un câble transmettant ce qui ne m'appartient pas vraiment... le mot "réaliste" me touche, car trop peu de gens savent lire la poësie : ils veulent la comprendre avant de la goûter, de la ressentir; ils lisent avec la tête ce qui parle aux tripes, au coeur… merci |
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