« RIEN DE PLUS Il faudrait que je dise un jour Comment j’ai changé d’opinion sur la poésie Et pourquoi je me considère à présent Pareil à l’un de ces artisans du Japon impérial Qui composaient des vers sur les cerisiers en fleur, Les chrysanthèmes et la pleine lune. Si j’avais pu décrire comment les courtisanes vénitiennes Avec un roseau taquinent un paon dans la cour Et du brocart mordoré, des perles de leur ceinture, Délivrent leurs seins lourds, si j’avais pu dépeindre La trace rouge de la fermeture de la robe sur leur ventre Tels que les voyait le timonier de la galère Débarqué au matin avec son chargement d’or, Et si, en même temps, j’avais pu trouver pour leurs os, Au cimetière dont la mer huileuse lèche les portes, Un mot les préservant mieux que l’unique peigne Qui, dans la cendre sous une dalle, attend la lumière, Alors je n’aurais jamais douté. De la matière friable Que peut-on retenir ? Rien, si ce n’est la beauté. Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers Et les chrysanthèmes et la pleine lune. »
Czeslaw Milosz, Poèmes 1934-1982, Luneau Ascot Ed. 1984, p.104
----- Message d'origine ----- Des jours d’averses. Pas d’averses avec de la pluie, mais des cris, des grincements de dents. Et puis, un premier soleil, le cri de Bernard, Qui passe non pas à autre chose, mais retourne chercher son vélo… Et puis, un autre soleil, quand j’ai compris que chacun d’un côté de la montagne, je creusais un tunnel, François creusait, et qu’au final, c’était la même traversée : nos coups de pioche taillant peu à peu une ébauche de voie entre deux murailles. Dans une galerie voisine, j’ai reconnu les outils, les chants de Jacqu’île, d’Agnès, de pleins d’autres. Passage nuageux, une souris grise qui court dans l’herbe verte des gazon anglais a besoin de courage. Je n’ai que sa main à serrer dans la mienne. Météo de printemps ? En Rhénanie, la pluie de Mai a abreuvé le vin de septembre. En campagnes, les litres d’eau ont été transformés en lait par des vaches stoïques. Dans l’air tendu par la pluie, les bruits du lointain résonnent autrement, plus fins, et plus doux à la fois, moteurs, vents, beuglements, Les roses du jardin s’alourdissent de moiteur et de bourgeons Font du bois avant les fleurs Il est plus que jamais temps de s’asseoir sous les arbres en fleurs. Le Darfour n’a même plus de larme pour lui-même Sous le fracas des élections, les tracas des hommes continuent. Tomislav Nikolić, vient d’être élu à la tête du parlement Serbe. Ça saigne donc encore et encore… mais pas partout :
« Timor oriental, politique : environ 520 000 électeurs votaient pour le deuxième tour de l'élection présidentielle, la première organisée depuis l'indépendance formelle en 2002, et étaient appelés à départager José Ramos Horta, Premier ministre sortant, Prix Nobel de la paix en 1996, favori des médias occidentaux, et son concurrent Francisco Guterres, président du parlement est-timorais et candidat soutenu par le FRETILIN. Les résultats complets ne sont pas espérés avant vendredi. »
Un Prix Nobel de la Paix, qui ne s’appelle pas Kissinger…ça mérite d’y regarder de plus près : http://www.nobel-paix.ch/bio/ramos.htm
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