(embâcles)
Tout frein des eaux libère leur invention ; la tresse dense des nymphes de source et de rivière, savante en incendie, savante en nuées, savante en fertilité, se faufile par l’exutoire, même si ce n’est pas sur cette eau qu’un coquillage aurore amena Vénus. Cette ère des enclos d’agrément, lorsqu’un flot rejeté par des statues d’airain ou confiné entre des blocs inaugurait la vision moderne, fut médiatrice entre le limon premier et l’ère des ouvrages barrant des vallées entières. Barrant le ciel, aussi bien, qui axe, il est possible de le déchiffrer à rebours : au bas de la voussure, si, tête à la renverse, on tourne le regard vers le haut, l’azur est trope de cette nappe immaculée où vogue quelque oiseau, la nappe d’eau mire l’azur où volent des poissons. L’ouvrage d’art instaure une bascule de glaces étamées entre lesquelles se retient la terre. Il devient tournure des heures : délai, attente, puisque rien ni toi et moi ne sommes sans l’écartement. Bien des jours-nuits doivent aoûter pour que le flot fasse mouvoir le mécanisme. Jeune âge de la réserve. Mentalement de même : de hauts embâcles, étanches, sont à dresser comme promesses pour ne pas reculer devant l’échéance de l’amour. Nous fabriquons des nébuleuses en touillant notre bol de café, habitons la chair d’ici avec des mots à mi-voix et ce qui est nu s’ouvre en nous ainsi que l’attelage des nues, branle-bas de cavales fouettées à grands coups, concédées aux gouffres d’asphalte par un brasier de près serrant.
----- Message d'origine ----- Les heures s’affairent
Dans une vie que je pensais murée dans le magma, tout seul dedans, parlant tout seul dans un exil de langue, cherchant la chose qui corresponde au substantif, haine du risque, me veillant mort, te voilà percer – francs, les coups de marteau ! rigoureux et patients – une issue. Bouffée d’air, liesse aux larmes sœurs du rire, duvet de cygne, pâquerettes. La soumission est donc obscène si un mot peut miner l’horizon. Dans la douleur, s’en souvenir : la chance change de tempo comme nuages selon les souffles.
----- Message d'origine ----- Offrir un miroir aux alouettes Aux fraises servir des barquettes : Grêle et temps de chien… C’est Mars et ses girouettes Voilà Mars, et tout revient Les matins étendus façon moquette Mouillée de vert, de pâquerettes Les têtes surmontées de casquettes Et le petit gilet qui se montre enfin C’est Mars qui revient… On ne s’est pas levé pour rien : Les pointeuses ont le soleil levant C’est Mars qui revient…
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