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Agnès Royaume-Uni |
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Un train part pour Carcassonne, l’autre pour Antibes, deux hommes et une femme en uniforme SNCF sur le quai. Ils ont l’air tellement pris par leur conversation que je m’étonne quand l’un d’eux donne un coup de sifflet magistral, sans détourner les yeux, sans vraiment interrompre ce qu’il dit en vitesse TGV à ses compagnons.
Le matin est tout soleilleux et le train file près de grosses bâtisses abandonnées dans la brume qui pend juste au dessus des champs. De temps à autres, le train tangente la route et dépasse les camions d’une flottille Norbert Dentressangle.
Pour six heures, une mamie vive et attentive, un Chat Gentil endormi dans son panier d’osier, une petite fille de dix et un petit garçon de six ans sont mes compagnons de découverte. Le petit garçon câline sa grand-mère tandis qu’elle lui lit, expressive, L’Etoile Mystérieuse. Il répète avec appétit chaque insulte du Capitaine Haddock puis demande à sa mamette de lui découper une pomme en "tranches si fines qu’on peut voir à travers". Il a l’accent du sud et appuie bien les syllabes. La fillette prend une feuille de papier et suggère de jouer à l’alphabet. Elle trace trois colonnes pour additionner les points. Ils choisissent chacun à leur tour une lettre et la mamette souffle des mots au petit garçon. Mamette cite les prénoms qui glissent du masculin au féminin, juste par la magie d’une E. François et Françoise, Paul et Paule, Louis et Louise, Michel et Michèle. Le petit garçon est tout content d’ajouter à la liste, parce qu’ils sont dans sa classe, Abdel et Adèle.
A midi le sud est plus profond, les oranges mûres et le mimosa longent les rails puis la route du bus 103 qui part de la gare de Toulon vers Le Lavandou. Le bateau pour Port Cros part à 16.30 heures pour l’enchantement du coucher de soleil, du grand ciel étoilé au dessus du silence de l’île d’Or presqu’inhabitée en février. Le matin, les sept enfants de l’île montent la route de terre vers la petite école au portail entouré de bougainvilliers mauves. |
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jenofa France |
Posté le: 24/2/2007 23:41 | Sujet du message: RE: Toulouse Toulon | |
Email: verts.pb@free.fr | |
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Une bouffée d'enfance vient de me remonter à la gorge. Merci.
----- Message d'origine ----- Un train part pour Carcassonne, l’autre pour Antibes, deux hommes et une femme en uniforme SNCF sur le quai. Ils ont l’air tellement pris par leur conversation que je m’étonne quand l’un d’eux donne un coup de sifflet magistral, sans détourner les yeux, sans vraiment interrompre ce qu’il dit en vitesse TGV à ses compagnons.
Le matin est tout soleilleux et le train file près de grosses bâtisses abandonnées dans la brume qui pend juste au dessus des champs. De temps à autres, le train tangente la route et dépasse les camions d’une flottille Norbert Dentressangle.
Pour six heures, une mamie vive et attentive, un Chat Gentil endormi dans son panier d’osier, une petite fille de dix et un petit garçon de six ans sont mes compagnons de découverte. Le petit garçon câline sa grand-mère tandis qu’elle lui lit, expressive, L’Etoile Mystérieuse. Il répète avec appétit chaque insulte du Capitaine Haddock puis demande à sa mamette de lui découper une pomme en "tranches si fines qu’on peut voir à travers". Il a l’accent du sud et appuie bien les syllabes. La fillette prend une feuille de papier et suggère de jouer à l’alphabet. Elle trace trois colonnes pour additionner les points. Ils choisissent chacun à leur tour une lettre et la mamette souffle des mots au petit garçon. Mamette cite les prénoms qui glissent du masculin au féminin, juste par la magie d’une E. François et Françoise, Paul et Paule, Louis et Louise, Michel et Michèle. Le petit garçon est tout content d’ajouter à la liste, parce qu’ils sont dans sa classe, Abdel et Adèle.
A midi le sud est plus profond, les oranges mûres et le mimosa longent les rails puis la route du bus 103 qui part de la gare de Toulon vers Le Lavandou. Le bateau pour Port Cros part à 16.30 heures pour l’enchantement du coucher de soleil, du grand ciel étoilé au dessus du silence de l’île d’Or presqu’inhabitée en février. Le matin, les sept enfants de l’île montent la route de terre vers la petite école au portail entouré de bougainvilliers mauves.
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babel |
Posté le: 25/2/2007 01:55 | Sujet du message: RE: Toulouse Toulon Strasbourg | |
Email: babel@etoiles.net | |
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Et dans le gris d'un dimanche ici, le téléphone me dit : "C'est Agnès, devine d'où je t'apelle" D'un île, avec son yukulélé et ses puffins au vol infini ?
alors, nous avons regardé, elle la mer, moi son ombre, parce que le monde est vaste, mais qu'il tient dans la main. |
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François France |
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Il y a eu en effet un Toulon Toulouse, avec pour moi cette jubilation de rencontrer Agnès dans la ville dite rose : le ciel y pleuvait du grisâtre partout, mais Agnès l'a sculpté bleu. Merci à elle de cette grâce.
----- Message d'origine ----- Et dans le gris d'un dimanche ici, le téléphone me dit : "C'est Agnès, devine d'où je t'apelle" D'un île, avec son yukulélé et ses puffins au vol infini ?
alors, nous avons regardé, elle la mer, moi son ombre, parce que le monde est vaste, mais qu'il tient dans la main. |
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