"ils appellent, implorent, attendent de l'autre d'être entièrement, pleinement, (...) ils jouissent ensemble et meurent ensemble, parce que les corps se vident, les vident, renversent, un éclair, un éclat, un éparpillement qui les tue, et à ce moment-là, exact, de l'éparpillement des deux il lui dit, il lui hurle je t'aime parce qu'à ce moment-là c'est vrai. A ce moment-là, juste à ce moment-là, c'est toujours vrai" ("Mon amour", Emmanuel Adely).
Merci, babel, de m'avoir fait connaître ce splendide roman.
----- Message d'origine ----- Eux les broyés Par la Machine Pas même au nom d’un tel Ni même par intérim Broyés par la machine Au nom d'elle-même Les sans-papier Les sans-famille Les sans-pouvoir les sans abris les sans emploi Les cent sangs N'ayant céans Aucun cents Ni blanc-seing traités comme des dossiers Des dossiers de chaises objets pour s'appuyer Après le dur labeur Objets à empailler Trophées en fin de chasse Traités comme des pactes Entre l'ennui et le silence feutré contrat passé entre la vie morne Et les heures à tamponner Mais jamais traités comme des hommes
Eux et elles Les sans ceci Les sans cela Les sans importance Les sans noms...
Une rivière creuse son lit chaque jour Tous les sans y viennent Il y coule leur sang Y ruisselle leur sueur Il y est versé leurs larmes. de sans-papier de sans-famille de sans-pouvoir de sans abris de sans emploi de sang-mêlé de cent sangs N'ayant céans Aucun cents Ni blanc-seing
Un soleil naissant séchant le fleuve posera des rangs d'alluvions, de champs de blé de mangues, pour les enfants sur la foule des gens juste le temps nouveau la vapeur des sueurs séches montera comme l'encens l’encens des sans encre pour écrire leur nom leur nom d'hommes de sans tout ça sans qui rien de ça ne tient ni ci ni là
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