Auteur |
Message |
| Trier par date croissante |
babel |
Posté le: 6/2/2007 07:25 | Sujet du message: la voix des graviers | |
Email: babel@etoiles.net | |
|
Dans les Gorges du Gardon, seul l'écho de l'eau sur les galets résonne les prédicateurs de la réforme se sont fait silence idem le bruit des jours car blonds ou crépus tous nous sommes des liserons |
|
|
murielle France |
|
C’est à l’âge de 29 ans que j’ai appris une partie du vécus de mes parents dans les camps. Le choc, l’horreur le ‘’non ! Pas ça ! ‘’ Hurlait n’ont pas atténués ma douleur… Mon frère, me tient au courant régulièrement des recherches qu’ils fait sur que nos parents ont vécus. ‘’Oui, jean le seul hommage que nous pouvons leur rendre, c’est de fleurir sur barbelés rouillés… C’est très difficile, toujours la même question en Tête : Quelles horreurs ont-ils vécues en plus ?.. Difficile aussi d’en parler…les yeux piquent vite, Les larmes se font cascades… Difficile ne pas tout savoir….
Dans ma vie associative, nous nous occupons aussi de l’accès aux origines. Quelle horreur que je ne pourrais vous décrire, quand j’ai découvert l’existence des Lebensborn ! Ces maternités aryenne inventées par la folie d’Hitler Pour créer une ‘’une race aryenne pure ‘’. Suivant le peu de renseignements que j’ai, des couples étaient choisis par des nazies suivant leurs profils afin d’avoir un bébé grand blond, aux yeux bleus.
La génétique en fait souvent qu’à sa tête. Les bébés naissants étaient classés en 3 groupes. Le premier groupe était des bébés dont le physique remplissait toutes les conditions pour être adoptés par des couples de nazies. Le deuxième groupe pour les bébés qui n’étaient pas nés avec des cheveux blonds….Ce deuxième groupe servait à faire des expériences médicales sur eux… Le troisième groupe, je vais reprendre le mot exact Qu’un rescapé des lebensborn m’a dit ‘’finissait sur des crochets de boucher…. Il y a peine deux ans, un ami connaissant mes fonctions Au sein de l’association me demanda de l’aide pour retrouver ses origines, il allait avoir 60 ans mais ne savait rien. Un doute s’en prit de mois, son nom et prénom étaient constituaient de deux prénoms : Signe d’abandon et de plus germanique. C’est vers mon Président d’association du moment, que je me suis tournée pour l’aider, lui aussi était issue de ces horribles maternités. Le nom et la date de naissance de mon ami ce n’est pas dans les archives des enfants confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance Nous l’avons retrouvé, mais sur une liste de convoi ! J’ai fais rencontré mon ami et mon président de l’époque pour que celui-ci l’accompagne dans ses démarches et l’épaule.
Aujourd’hui, il sait, comme tous les personnes rescapées de ces horribles maternités, il n’est pas sûr de sa date de naissance ainsi que du lieu et un doute persiste si le nom des parents indiqués dans le dossier est bien le bon…
Mon ancien président à ce jour crée son association d’orphelins de guerre. La croix de David pend à son cou. TF1 a diffusé son film. L’horreur en image, on y voit défiler des nouveaux nés à la chaîne et triés comme des vulgaires déchets !!! Il fait beaucoup de conférences et se rend dans les lycées pour rien ne tombe dans l’oubli, toutefois les larmes perlent et perleront toujours à ses yeux…
murielle un peu émue le 6 février 07 à 18h41
----- Message d'origine ----- Pardon, oui, mais vigilance toujours. Je suis la veuve de Henri Dichlian. Son père et son grand-père ont dû fuir l'Arménie pour cause de génocide. Mes voisins turcs, mon brave homme d'épicier du coin disent : ce n'est pas possible, cela n'a pas existé. Plus grave, Emir Kir, entré en politique il n'y a guère, a fait un scandale à propos du monument érigé en mémoire des Arméniens. Il ne faut pas être rancunern mais pas amnésique non plus, sinon, la spirale de violence reprend de plus belle. Les Congolais devraient alors massacrer les Belges, et ainsi de suite. La violence est de ce monde, de cette terre d'épreuve. Les leçons sont dures et ne portent hélàs pas toujours leurs fruits. Je préfère voir en ma petite filleule de papa Congolais et de maman Belge un symbole d'union des peuples. Angéline va fêter ses 14 ans le 27 février, et je voudrais pour elle un monde plus beau.
----- Message d'origine ----- "La notion de pardon est extrèmement délicate. A mes yeux tout au moins, il y a des crimes absolument impardonables. quand certains hommes sont capables de descendre à un tel degré de bestialité, le pardon perd tout son sens. je pense ici aux SS de Mauthausen que j'ai vu tuer à coup de bâton quelques-uns de mes camarades. je pense à tous les récits d'horreur qu'ils ont gavés de visions insoutenables où même des femmes enceintes ou des bébés juste nés disparaissaient sous les coups de brutes parfaites. Les temps récents nous en apportent d'autres exemples. Les morceaux de l'ex-yougoslavie ont fourni des êtres aussi ignobles que les SS et tous leurs congénères. Cependant,même si j'en suis la victime, certains êtres peuvent évoquer en moi la notion de pardon. Mais la première condition est qu'ils reconnaissent le crime commis, qu'ils aient conscience de l'horreur de ce crime et qu'ils en demandent pardon. Après, c'est une affaire de coeur et de raisonnement."
Extrait du livre d'Arthur Haulot "Vivre debout"
----- Message d'origine ----- Mon ami Simon Gronowski se présente lui-meme ici, je voulais que vous le connaissiez . Julos
SIMON GRONOWSKI :
J'ai voulu raconter une tranche de l'histoire de Belgique, de l'Europe, de l'humanité, à travers mon histoire personnelle.
Mon cas n'a rien d'exceptionnel car durant la guerre Hitler a tué des millions de Juifs parmi d'innombrables autres victimes. Mais il est particulier parce qu'à onze ans je me suis échappé d'un train de la mort. Un autre miracle est que je suis là maintenant, 63 ans après, à le raconter.
Ma mère et à ma sœur sont mortes dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau, mon père est mort désespéré en juillet 1945. De cette petite famille, simple, heureuse, unie, je suis resté seul à 13 ans. Pendant près de 60 ans, j'ai peu parlé du drame de mon enfance. Je ne pouvais continuer à vivre dans ce schéma, remuer constamment ces événements au risque d'en perdre l'équilibre. J'ai tourné le dos au passé mais ne l'ai jamais oublié. J'ai voulu vivre pour le présent et l'avenir, pour l'optimisme, la joie et l'amitié. Je voulais réussir ma vie par fidélité pour mes parents. J'avais été un enfant adoré et cet amour m'a donné une force pour toute la vie. Moi qui ai perdu ma famille, victime de la haine criminelle, je n'ai pas de haine.
Très tard j'ai rompu le silence. Pour confondre les négationnistes qui prétendent que cela n'a pas existé, qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, de fours crématoires, de massacres en masse, de torture. Je voudrais qu'ils aient raison, j'aurais gardé ma famille. Ces gens sont dangereux: ils nient les crimes d'hier pour en commettre d'autres demain. Je dois témoigner et celui qui entend un témoin devient témoin à son tour.
Pour remercier les héros qui m'ont sauvé la vie au péril de la leur. Les trois jeunes, Youra Livschitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau qui ont arrêté mon train le 19 avril 1943 à Boortmeerbeek, ouvert un wagon (pas le mien) et sauvé dix-sept personnes. Leur acte est unique. De tous les convois de déportés qui ont sillonné l'Europe de 1940 à 1945, seul le 20e Convoi a été attaqué par la résistance. Le gendarme Jean Aerts, de Borgloon: si les nazis avaient su qu'un gendarme belge avait protégé un enfant juif évadé, ils l'auraient fusillé. Les familles belges Rouffart, Delsart, Pieri m'ont recueilli, caché, traité comme leur enfant. Sans eux je ne serais pas maintenant père et grand-père. Mais la première héroïne, c'est ma mère: elle a mis son petit garçon sur le marchepied du wagon, marchepied de la liberté et de la vie, et a continué son voyage jusqu'à la mort dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Des milliers de Belges, souvent parmi les plus humbles, Justes Parmi les Nations, se sont portés au secours des persécutés.
Pour rendre hommage aux victimes de la barbarie. De Belgique, 25.000 hommes, femmes, enfants sont partis en 28 convois vers la mort, 1322 sont revenus. Dans mon convoi il y avait 262 enfants. De 1942 à 1944, à Bruxelles et à Anvers, les nazis ont enlevé et tué 5093 enfants. C'est normal: dans un génocide, il faut d'abord tuer les enfants car les enfants sont l'avenir d'un peuple.
Il y a eu d'autres victimes d'Hitler: "Tous les Juifs étaient victimes, mais toutes les victimes n'étaient pas juives". Il y a eu d'autres génocides dans l'histoire, comme les Arméniens en 1915, les Tutsis au Rwanda en 1994.
Mes parents et ma sœur symbolisent toutes les victimes de toutes les barbaries.
|
|
|
Françoise Belgique |
|
Entre l’abîme de l’horreur et le sommet de la beauté de tes mots, ton texte est linceul de voile tendu sur la piste fragile ou s’engagent les pas de l’avenir.
----- Message d'origine ----- je dis et je répète aux jeunes que je croise à quelques minutes du Camp de Natzwiler, à la porte de l'Hopital Civil où furent amenés les dépouilles chaudes de 87 hommes, tel Ménahem Taffel, transférés d'Auswitz après "expériences" faites ici, je leur dis que bientôt très bientôt Tous les survivants auront été rattrapés par le temps, avalés par la Grande Vorace
que je me moque des souvenirs de leurs cours, que j'attends d'eux qu'ils entrent dans la Mémoire parce que maintenant, c'est leur tour qui vient.
Partout la pluie fait des chapelets de rosée sur des barbelés rouillants Dans un espace grand comme une cour de Lycée, 23 000, environ ont perdu la vie. Ici, la boue descend avec les rigoles venues du sommet, où le camp trônait là, les arbres ont été nourris à la cendre humaine Chacun de ces humains dans cette tragédie, des deux côtés des barbelés est mort dans la mort mort dans la mort de chacune des victimes Chacun de ces humains était un amour pour quelqu'un Que reste-t-il de ces amours ? Nous. Nous. Nous sommes les liserons qui chaque année montons à l'assaut des barbelés rouillés pour y fleurir. Pas question d'oublier notre hauban nous flottons comme du linge propre sur le fil barbelé de la mémoire nous ne sécherons jamais sous la pluie des jours mais nous ne serons plus jamais drapeaux ni oriflammes Tous les humains comme sacs de peaux jetés dans les flammes nous habitent, nous soulèvent, nous emportent pour fleurir victorieux juste un peu plus haut que la dernière ligne des barbelés rouillés Alors, liserons, à l'assaut des lignes, fleurissez.
|
|
|
Moinette |
|
Pardon, oui, mais vigilance toujours. Je suis la veuve de Henri Dichlian. Son père et son grand-père ont dû fuir l'Arménie pour cause de génocide. Mes voisins turcs, mon brave homme d'épicier du coin disent : ce n'est pas possible, cela n'a pas existé. Plus grave, Emir Kir, entré en politique il n'y a guère, a fait un scandale à propos du monument érigé en mémoire des Arméniens. Il ne faut pas être rancunern mais pas amnésique non plus, sinon, la spirale de violence reprend de plus belle. Les Congolais devraient alors massacrer les Belges, et ainsi de suite. La violence est de ce monde, de cette terre d'épreuve. Les leçons sont dures et ne portent hélàs pas toujours leurs fruits. Je préfère voir en ma petite filleule de papa Congolais et de maman Belge un symbole d'union des peuples. Angéline va fêter ses 14 ans le 27 février, et je voudrais pour elle un monde plus beau.
----- Message d'origine ----- "La notion de pardon est extrèmement délicate. A mes yeux tout au moins, il y a des crimes absolument impardonables. quand certains hommes sont capables de descendre à un tel degré de bestialité, le pardon perd tout son sens. je pense ici aux SS de Mauthausen que j'ai vu tuer à coup de bâton quelques-uns de mes camarades. je pense à tous les récits d'horreur qu'ils ont gavés de visions insoutenables où même des femmes enceintes ou des bébés juste nés disparaissaient sous les coups de brutes parfaites. Les temps récents nous en apportent d'autres exemples. Les morceaux de l'ex-yougoslavie ont fourni des êtres aussi ignobles que les SS et tous leurs congénères. Cependant,même si j'en suis la victime, certains êtres peuvent évoquer en moi la notion de pardon. Mais la première condition est qu'ils reconnaissent le crime commis, qu'ils aient conscience de l'horreur de ce crime et qu'ils en demandent pardon. Après, c'est une affaire de coeur et de raisonnement."
Extrait du livre d'Arthur Haulot "Vivre debout"
----- Message d'origine ----- Mon ami Simon Gronowski se présente lui-meme ici, je voulais que vous le connaissiez . Julos
SIMON GRONOWSKI :
J'ai voulu raconter une tranche de l'histoire de Belgique, de l'Europe, de l'humanité, à travers mon histoire personnelle.
Mon cas n'a rien d'exceptionnel car durant la guerre Hitler a tué des millions de Juifs parmi d'innombrables autres victimes. Mais il est particulier parce qu'à onze ans je me suis échappé d'un train de la mort. Un autre miracle est que je suis là maintenant, 63 ans après, à le raconter.
Ma mère et à ma sœur sont mortes dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau, mon père est mort désespéré en juillet 1945. De cette petite famille, simple, heureuse, unie, je suis resté seul à 13 ans. Pendant près de 60 ans, j'ai peu parlé du drame de mon enfance. Je ne pouvais continuer à vivre dans ce schéma, remuer constamment ces événements au risque d'en perdre l'équilibre. J'ai tourné le dos au passé mais ne l'ai jamais oublié. J'ai voulu vivre pour le présent et l'avenir, pour l'optimisme, la joie et l'amitié. Je voulais réussir ma vie par fidélité pour mes parents. J'avais été un enfant adoré et cet amour m'a donné une force pour toute la vie. Moi qui ai perdu ma famille, victime de la haine criminelle, je n'ai pas de haine.
Très tard j'ai rompu le silence. Pour confondre les négationnistes qui prétendent que cela n'a pas existé, qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, de fours crématoires, de massacres en masse, de torture. Je voudrais qu'ils aient raison, j'aurais gardé ma famille. Ces gens sont dangereux: ils nient les crimes d'hier pour en commettre d'autres demain. Je dois témoigner et celui qui entend un témoin devient témoin à son tour.
Pour remercier les héros qui m'ont sauvé la vie au péril de la leur. Les trois jeunes, Youra Livschitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau qui ont arrêté mon train le 19 avril 1943 à Boortmeerbeek, ouvert un wagon (pas le mien) et sauvé dix-sept personnes. Leur acte est unique. De tous les convois de déportés qui ont sillonné l'Europe de 1940 à 1945, seul le 20e Convoi a été attaqué par la résistance. Le gendarme Jean Aerts, de Borgloon: si les nazis avaient su qu'un gendarme belge avait protégé un enfant juif évadé, ils l'auraient fusillé. Les familles belges Rouffart, Delsart, Pieri m'ont recueilli, caché, traité comme leur enfant. Sans eux je ne serais pas maintenant père et grand-père. Mais la première héroïne, c'est ma mère: elle a mis son petit garçon sur le marchepied du wagon, marchepied de la liberté et de la vie, et a continué son voyage jusqu'à la mort dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Des milliers de Belges, souvent parmi les plus humbles, Justes Parmi les Nations, se sont portés au secours des persécutés.
Pour rendre hommage aux victimes de la barbarie. De Belgique, 25.000 hommes, femmes, enfants sont partis en 28 convois vers la mort, 1322 sont revenus. Dans mon convoi il y avait 262 enfants. De 1942 à 1944, à Bruxelles et à Anvers, les nazis ont enlevé et tué 5093 enfants. C'est normal: dans un génocide, il faut d'abord tuer les enfants car les enfants sont l'avenir d'un peuple.
Il y a eu d'autres victimes d'Hitler: "Tous les Juifs étaient victimes, mais toutes les victimes n'étaient pas juives". Il y a eu d'autres génocides dans l'histoire, comme les Arméniens en 1915, les Tutsis au Rwanda en 1994.
Mes parents et ma sœur symbolisent toutes les victimes de toutes les barbaries.
|
|
|
babel |
|
je dis et je répète aux jeunes que je croise à quelques minutes du Camp de Natzwiler, à la porte de l'Hopital Civil où furent amenés les dépouilles chaudes de 87 hommes, tel Ménahem Taffel, transférés d'Auswitz après "expériences" faites ici, je leur dis que bientôt très bientôt Tous les survivants auront été rattrapés par le temps, avalés par la Grande Vorace
que je me moque des souvenirs de leurs cours, que j'attends d'eux qu'ils entrent dans la Mémoire parce que maintenant, c'est leur tour qui vient.
Partout la pluie fait des chapelets de rosée sur des barbelés rouillants Dans un espace grand comme une cour de Lycée, 23 000, environ ont perdu la vie. Ici, la boue descend avec les rigoles venues du sommet, où le camp trônait là, les arbres ont été nourris à la cendre humaine Chacun de ces humains dans cette tragédie, des deux côtés des barbelés est mort dans la mort mort dans la mort de chacune des victimes Chacun de ces humains était un amour pour quelqu'un Que reste-t-il de ces amours ? Nous. Nous. Nous sommes les liserons qui chaque année montons à l'assaut des barbelés rouillés pour y fleurir. Pas question d'oublier notre hauban nous flottons comme du linge propre sur le fil barbelé de la mémoire nous ne sécherons jamais sous la pluie des jours mais nous ne serons plus jamais drapeaux ni oriflammes Tous les humains comme sacs de peaux jetés dans les flammes nous habitent, nous soulèvent, nous emportent pour fleurir victorieux juste un peu plus haut que la dernière ligne des barbelés rouillés Alors, liserons, à l'assaut des lignes, fleurissez. |
|
|
Arthur Haulot Belgique |
|
"La notion de pardon est extrèmement délicate. A mes yeux tout au moins, il y a des crimes absolument impardonables. quand certains hommes sont capables de descendre à un tel degré de bestialité, le pardon perd tout son sens. je pense ici aux SS de Mauthausen que j'ai vu tuer à coup de bâton quelques-uns de mes camarades. je pense à tous les récits d'horreur qu'ils ont gavés de visions insoutenables où même des femmes enceintes ou des bébés juste nés disparaissaient sous les coups de brutes parfaites. Les temps récents nous en apportent d'autres exemples. Les morceaux de l'ex-yougoslavie ont fourni des êtres aussi ignobles que les SS et tous leurs congénères. Cependant,même si j'en suis la victime, certains êtres peuvent évoquer en moi la notion de pardon. Mais la première condition est qu'ils reconnaissent le crime commis, qu'ils aient conscience de l'horreur de ce crime et qu'ils en demandent pardon. Après, c'est une affaire de coeur et de raisonnement."
Extrait du livre d'Arthur Haulot "Vivre debout"
----- Message d'origine ----- Mon ami Simon Gronowski se présente lui-meme ici, je voulais que vous le connaissiez . Julos
SIMON GRONOWSKI :
J'ai voulu raconter une tranche de l'histoire de Belgique, de l'Europe, de l'humanité, à travers mon histoire personnelle.
Mon cas n'a rien d'exceptionnel car durant la guerre Hitler a tué des millions de Juifs parmi d'innombrables autres victimes. Mais il est particulier parce qu'à onze ans je me suis échappé d'un train de la mort. Un autre miracle est que je suis là maintenant, 63 ans après, à le raconter.
Ma mère et à ma sœur sont mortes dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau, mon père est mort désespéré en juillet 1945. De cette petite famille, simple, heureuse, unie, je suis resté seul à 13 ans. Pendant près de 60 ans, j'ai peu parlé du drame de mon enfance. Je ne pouvais continuer à vivre dans ce schéma, remuer constamment ces événements au risque d'en perdre l'équilibre. J'ai tourné le dos au passé mais ne l'ai jamais oublié. J'ai voulu vivre pour le présent et l'avenir, pour l'optimisme, la joie et l'amitié. Je voulais réussir ma vie par fidélité pour mes parents. J'avais été un enfant adoré et cet amour m'a donné une force pour toute la vie. Moi qui ai perdu ma famille, victime de la haine criminelle, je n'ai pas de haine.
Très tard j'ai rompu le silence. Pour confondre les négationnistes qui prétendent que cela n'a pas existé, qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, de fours crématoires, de massacres en masse, de torture. Je voudrais qu'ils aient raison, j'aurais gardé ma famille. Ces gens sont dangereux: ils nient les crimes d'hier pour en commettre d'autres demain. Je dois témoigner et celui qui entend un témoin devient témoin à son tour.
Pour remercier les héros qui m'ont sauvé la vie au péril de la leur. Les trois jeunes, Youra Livschitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau qui ont arrêté mon train le 19 avril 1943 à Boortmeerbeek, ouvert un wagon (pas le mien) et sauvé dix-sept personnes. Leur acte est unique. De tous les convois de déportés qui ont sillonné l'Europe de 1940 à 1945, seul le 20e Convoi a été attaqué par la résistance. Le gendarme Jean Aerts, de Borgloon: si les nazis avaient su qu'un gendarme belge avait protégé un enfant juif évadé, ils l'auraient fusillé. Les familles belges Rouffart, Delsart, Pieri m'ont recueilli, caché, traité comme leur enfant. Sans eux je ne serais pas maintenant père et grand-père. Mais la première héroïne, c'est ma mère: elle a mis son petit garçon sur le marchepied du wagon, marchepied de la liberté et de la vie, et a continué son voyage jusqu'à la mort dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Des milliers de Belges, souvent parmi les plus humbles, Justes Parmi les Nations, se sont portés au secours des persécutés.
Pour rendre hommage aux victimes de la barbarie. De Belgique, 25.000 hommes, femmes, enfants sont partis en 28 convois vers la mort, 1322 sont revenus. Dans mon convoi il y avait 262 enfants. De 1942 à 1944, à Bruxelles et à Anvers, les nazis ont enlevé et tué 5093 enfants. C'est normal: dans un génocide, il faut d'abord tuer les enfants car les enfants sont l'avenir d'un peuple.
Il y a eu d'autres victimes d'Hitler: "Tous les Juifs étaient victimes, mais toutes les victimes n'étaient pas juives". Il y a eu d'autres génocides dans l'histoire, comme les Arméniens en 1915, les Tutsis au Rwanda en 1994.
Mes parents et ma sœur symbolisent toutes les victimes de toutes les barbaries.
|
|
|
Julos Belgique |
Posté le: 5/2/2007 09:47 | Sujet du message: Simon Gronowski | |
Email: pagodes@julos.be | |
|
Mon ami Simon Gronowski se présente lui-meme ici, je voulais que vous le connaissiez . Julos
SIMON GRONOWSKI :
J'ai voulu raconter une tranche de l'histoire de Belgique, de l'Europe, de l'humanité, à travers mon histoire personnelle.
Mon cas n'a rien d'exceptionnel car durant la guerre Hitler a tué des millions de Juifs parmi d'innombrables autres victimes. Mais il est particulier parce qu'à onze ans je me suis échappé d'un train de la mort. Un autre miracle est que je suis là maintenant, 63 ans après, à le raconter.
Ma mère et à ma sœur sont mortes dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau, mon père est mort désespéré en juillet 1945. De cette petite famille, simple, heureuse, unie, je suis resté seul à 13 ans. Pendant près de 60 ans, j'ai peu parlé du drame de mon enfance. Je ne pouvais continuer à vivre dans ce schéma, remuer constamment ces événements au risque d'en perdre l'équilibre. J'ai tourné le dos au passé mais ne l'ai jamais oublié. J'ai voulu vivre pour le présent et l'avenir, pour l'optimisme, la joie et l'amitié. Je voulais réussir ma vie par fidélité pour mes parents. J'avais été un enfant adoré et cet amour m'a donné une force pour toute la vie. Moi qui ai perdu ma famille, victime de la haine criminelle, je n'ai pas de haine.
Très tard j'ai rompu le silence. Pour confondre les négationnistes qui prétendent que cela n'a pas existé, qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, de fours crématoires, de massacres en masse, de torture. Je voudrais qu'ils aient raison, j'aurais gardé ma famille. Ces gens sont dangereux: ils nient les crimes d'hier pour en commettre d'autres demain. Je dois témoigner et celui qui entend un témoin devient témoin à son tour.
Pour remercier les héros qui m'ont sauvé la vie au péril de la leur. Les trois jeunes, Youra Livschitz, Jean Franklemon et Robert Maistriau qui ont arrêté mon train le 19 avril 1943 à Boortmeerbeek, ouvert un wagon (pas le mien) et sauvé dix-sept personnes. Leur acte est unique. De tous les convois de déportés qui ont sillonné l'Europe de 1940 à 1945, seul le 20e Convoi a été attaqué par la résistance. Le gendarme Jean Aerts, de Borgloon: si les nazis avaient su qu'un gendarme belge avait protégé un enfant juif évadé, ils l'auraient fusillé. Les familles belges Rouffart, Delsart, Pieri m'ont recueilli, caché, traité comme leur enfant. Sans eux je ne serais pas maintenant père et grand-père. Mais la première héroïne, c'est ma mère: elle a mis son petit garçon sur le marchepied du wagon, marchepied de la liberté et de la vie, et a continué son voyage jusqu'à la mort dans la chambre à gaz d'Auschwitz-Birkenau. Des milliers de Belges, souvent parmi les plus humbles, Justes Parmi les Nations, se sont portés au secours des persécutés.
Pour rendre hommage aux victimes de la barbarie. De Belgique, 25.000 hommes, femmes, enfants sont partis en 28 convois vers la mort, 1322 sont revenus. Dans mon convoi il y avait 262 enfants. De 1942 à 1944, à Bruxelles et à Anvers, les nazis ont enlevé et tué 5093 enfants. C'est normal: dans un génocide, il faut d'abord tuer les enfants car les enfants sont l'avenir d'un peuple.
Il y a eu d'autres victimes d'Hitler: "Tous les Juifs étaient victimes, mais toutes les victimes n'étaient pas juives". Il y a eu d'autres génocides dans l'histoire, comme les Arméniens en 1915, les Tutsis au Rwanda en 1994.
Mes parents et ma sœur symbolisent toutes les victimes de toutes les barbaries. |
|
|