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Auteur Message
   Trier par date décroissante
Françoise
Belgique
Posté le:
30/1/2007 00:15
Sujet du message:
Joseph Ndawiye
Répondre            
Email:
Françoise.michel@swing.be
 
« Quand ton voisin souffre d’un point de côté, sa douleur ne t’empêche pas de trouver le sommeil » nous dit Joseph Ndawiye. Ce proverbe africain qu’il a tenté de traduire exorciserait-il la culpabilité engendrée par le sentiment d’impuissance ?

Son témoignage, ce matin sur les antennes de la RTBF, transpire ce sentiment d’impuissance que nous ressentons lorsque les images défilent des 4 coins du globe.

Ce sentiment d’impuissance, l’auteur de « la promesse faite à ma sœur » la ressent quand il voit la télé, écoute la radio, entend les nouvelles en direct du génocide que subit son pays, sa famille alors qu’il vit en Belgique. « Ils sont en train de souffrir et je suis là en Belgique »

10 ans après les évènements, il retourne au pays, recherche des personnes et des lieux connus mais, ce n’est plus le même pays ! C’est un pays et des gens transformés par une souffrance indescriptible. Son neveu lui dit « ce qu’on a vécu, tu ne le connais pas » et l’homme est déchiré à la vision de sa famille massacrée.

Les histoires se racontent oralement en Afrique, elles s’écrivent peu et l’exilé retrouve à travers les mots de son père mort avant le génocide, ses proches, ceux qui sont maintenant du côté de l’invisible et ceux qu’il retrouve bien vivant.

La parole rassurante du père serait-elle la porte ouverte vers le chemin du retour à la splendeur des paysages des lacs et des collines ?

« Il faudra des générations de bonne volonté de la part des frères et sœurs rwandais pour pouvoir avancer »

Ces propos me rappellent le roman de Bernard Tirtiaux « Pitié pour le mal » Il raconte aussi la fin d’une « meurtrière » et le retour au pays… c’était en 1945.

Je relis une phrase d’Amin Maalouf dans son livre les identités meurtrières : « Ceux qui pourront assumer pleinement leur diversité serviront de relais entre les diverses communautés, les diverses cultures et joueront en quelque sorte le rôle de ciment au sein des sociétés où ils vivent »

Joseph Ndawiye m’apparaît comme un de ces relais. Il avait commencé son interview en se définissant belgo rwandais.

Merci Vero de nous avoir guidé vers sa découverte.
 

François
France
Posté le:
30/1/2007 04:21
Sujet du message:
RE: Joseph Ndawiye
Répondre            
 
Il est en effet des identités meurtrières. Peut-être même est-ce l'identité (et sa recherche ou son assurance) qui est la principale cause de meurtres, individuels ou collectifs.


----- Message d'origine -----
« Quand ton voisin souffre d’un point de côté, sa douleur ne t’empêche pas de trouver le sommeil » nous dit Joseph Ndawiye. Ce proverbe africain qu’il a tenté de traduire exorciserait-il la culpabilité engendrée par le sentiment d’impuissance ?

Son témoignage, ce matin sur les antennes de la RTBF, transpire ce sentiment d’impuissance que nous ressentons lorsque les images défilent des 4 coins du globe.

Ce sentiment d’impuissance, l’auteur de « la promesse faite à ma sœur » la ressent quand il voit la télé, écoute la radio, entend les nouvelles en direct du génocide que subit son pays, sa famille alors qu’il vit en Belgique. « Ils sont en train de souffrir et je suis là en Belgique »

10 ans après les évènements, il retourne au pays, recherche des personnes et des lieux connus mais, ce n’est plus le même pays ! C’est un pays et des gens transformés par une souffrance indescriptible. Son neveu lui dit « ce qu’on a vécu, tu ne le connais pas » et l’homme est déchiré à la vision de sa famille massacrée.

Les histoires se racontent oralement en Afrique, elles s’écrivent peu et l’exilé retrouve à travers les mots de son père mort avant le génocide, ses proches, ceux qui sont maintenant du côté de l’invisible et ceux qu’il retrouve bien vivant.

La parole rassurante du père serait-elle la porte ouverte vers le chemin du retour à la splendeur des paysages des lacs et des collines ?

« Il faudra des générations de bonne volonté de la part des frères et sœurs rwandais pour pouvoir avancer »

Ces propos me rappellent le roman de Bernard Tirtiaux « Pitié pour le mal » Il raconte aussi la fin d’une « meurtrière » et le retour au pays… c’était en 1945.

Je relis une phrase d’Amin Maalouf dans son livre les identités meurtrières : « Ceux qui pourront assumer pleinement leur diversité serviront de relais entre les diverses communautés, les diverses cultures et joueront en quelque sorte le rôle de ciment au sein des sociétés où ils vivent »

Joseph Ndawiye m’apparaît comme un de ces relais. Il avait commencé son interview en se définissant belgo rwandais.

Merci Vero de nous avoir guidé vers sa découverte.

 

Véronique
Rwanda
Posté le:
30/1/2007 21:58
Sujet du message:
RE: Joseph Ndawiye
Répondre            
Email:
v.hennuy@cybernet.be
 
J'étais très émue hier matin en écoutant l'émission dont tu parles Françoise, où Joseph présentait son premier roman "La Promesse faite à ma soeur" dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler (www.lesimpressionsnouvelles.com ). Cette histoire c'est en partie la sienne en vrai. J'aime bien le style aussi, spontané et croustillant, il me rappelle le sourire de l'Afrique et ce goût pour les choses simples, cette proximité avec la joie et le rythme.

J'écoutais Joseph parler du Rwanda où nous nous étions rencontrés bien avant le génocide, c'était en juillet 85.

La dernière fois que nous nous sommes vus il y a quelques mois, nous avons regardé ensemble les photos de nos amis "d'avant le génocide". Que sont ils devenus aujourd'hui? Où êtes vous Jean de Dieu, Phoebe, Josephine, Jean, ...? J'entends vos voix qui chantent en lançant les briques à la chaîne pour construire l'internat pour jeunes-filles mères, qui était notre projet commun durant un mois, je vois monter les murs jour après jour, j'ai la sensation de nos pieds qui dansent pour pétrir le "potopot" qui sert de ciment, quand nous nous tenions deux à
deux face à face pour ne pas glisser, en riant aux éclats. J'ai la nostalgie du "Muraho!" du matin et de l'accolade amicale traditionnelle. J'ai encore le souvenir précis du goût de l'épouvantable bière de sorgho qu'on boit ensemble dans la calebasse en faisant mine de savourer avec lenteur pour ne pas vexer nos hôtes. Nous cueillions en passant les avocats énormes qui menacaient à tout moment de nous tomber sur la tête par excès de mûrissement. Mes pieds se souviennent du rythme entrainant des danseurs Intore le jour de la fête nationale.

Où êtes vous? Certains sont morts, d'autres ont disparu, d'autres ont vécu des souffrances terribles. J'avais la gorge serrée. Nous
sommes profondément reliés par notre humanité, comme des racines qui se rejoignent sous la terre.

Je pensais à la douleur de tous les Rwandais éloignés du pays au moment du génocide, à la culpabilité qu'ils portent malgré eux, simplement d'être survivants, comme s'ils avaient à payer le prix d'être en vie alors que leurs proches ont été massacrés.
C'est étrange ce contraste entre cette immense violence et la tendresse des paysages du pays des 1000 collines, comme si la nature tentait en permanence de rappeler les hommes à la sagesse de la vie, à cette harmonie du vivant. Je me souviens avoir suivi l'actualité quotidiennement sans arriver à réaliser qu'autant de violence pouvait déferler sur un si beau pays où la vie m'avait semblé si douce et riante.

J'aime cette phrase d'Amin Maalouf que tu écris Françoise :
« Ceux qui pourront assumer pleinement leur diversité serviront de relais entre les diverses communautés, les diverses cultures et joueront en quelque sorte le rôle de ciment au sein des sociétés où ils vivent »
c'est si juste
Je crois qu'il n'est pas confortable tous les jours d'être belgo-rwandais ou belgo-indien ou belgo-japonais, mais que cette double identité permet le lien entre deux mondes et cette reliance est précieuse.
Ces personnes sont comme des ponts qui relient une berge à l'autre de la vallée où coule le fleuve de la conscience humaine.








 

Françoise
Belgique
Posté le:
30/1/2007 22:32
Sujet du message:
RE: Joseph Ndawiye
Répondre            
Email:
francoise.michel@wing.be
 
Ces personnes sont comme des ponts qui relient une berge à l'autre de la vallée où coule le fleuve de la conscience humaine.

Comme c'est beau Vero et comme il est beau le récit de tes souvenirs, il amène de l'eau à la source qui nourrit le fleuve de la conscience humaine.


----- Message d'origine -----
J'étais très émue hier matin en écoutant l'émission dont tu parles Françoise, où Joseph présentait son premier roman "La Promesse faite à ma soeur" dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler (www.lesimpressionsnouvelles.com ). Cette histoire c'est en partie la sienne en vrai. J'aime bien le style aussi, spontané et croustillant, il me rappelle le sourire de l'Afrique et ce goût pour les choses simples, cette proximité avec la joie et le rythme.

J'écoutais Joseph parler du Rwanda où nous nous étions rencontrés bien avant le génocide, c'était en juillet 85.

La dernière fois que nous nous sommes vus il y a quelques mois, nous avons regardé ensemble les photos de nos amis "d'avant le génocide". Que sont ils devenus aujourd'hui? Où êtes vous Jean de Dieu, Phoebe, Josephine, Jean, ...? J'entends vos voix qui chantent en lançant les briques à la chaîne pour construire l'internat pour jeunes-filles mères, qui était notre projet commun durant un mois, je vois monter les murs jour après jour, j'ai la sensation de nos pieds qui dansent pour pétrir le "potopot" qui sert de ciment, quand nous nous tenions deux à
deux face à face pour ne pas glisser, en riant aux éclats. J'ai la nostalgie du "Muraho!" du matin et de l'accolade amicale traditionnelle. J'ai encore le souvenir précis du goût de l'épouvantable bière de sorgho qu'on boit ensemble dans la calebasse en faisant mine de savourer avec lenteur pour ne pas vexer nos hôtes. Nous cueillions en passant les avocats énormes qui menacaient à tout moment de nous tomber sur la tête par excès de mûrissement. Mes pieds se souviennent du rythme entrainant des danseurs Intore le jour de la fête nationale.

Où êtes vous? Certains sont morts, d'autres ont disparu, d'autres ont vécu des souffrances terribles. J'avais la gorge serrée. Nous
sommes profondément reliés par notre humanité, comme des racines qui se rejoignent sous la terre.

Je pensais à la douleur de tous les Rwandais éloignés du pays au moment du génocide, à la culpabilité qu'ils portent malgré eux, simplement d'être survivants, comme s'ils avaient à payer le prix d'être en vie alors que leurs proches ont été massacrés.
C'est étrange ce contraste entre cette immense violence et la tendresse des paysages du pays des 1000 collines, comme si la nature tentait en permanence de rappeler les hommes à la sagesse de la vie, à cette harmonie du vivant. Je me souviens avoir suivi l'actualité quotidiennement sans arriver à réaliser qu'autant de violence pouvait déferler sur un si beau pays où la vie m'avait semblé si douce et riante.

J'aime cette phrase d'Amin Maalouf que tu écris Françoise :
« Ceux qui pourront assumer pleinement leur diversité serviront de relais entre les diverses communautés, les diverses cultures et joueront en quelque sorte le rôle de ciment au sein des sociétés où ils vivent »
c'est si juste
Je crois qu'il n'est pas confortable tous les jours d'être belgo-rwandais ou belgo-indien ou belgo-japonais, mais que cette double identité permet le lien entre deux mondes et cette reliance est précieuse.
Ces personnes sont comme des ponts qui relient une berge à l'autre de la vallée où coule le fleuve de la conscience humaine.









 

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