le forum de julos

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   Trier par date décroissante
babel
Posté le:
22/1/2007 20:18
Sujet du message:
Dans les mains de l'abbé
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Email:
babel@etoiles.net
 
Voilà un abbé Pierre... Sa vie parle à plein poumons. Le prêtre se veut changeant du pain et du vin en Verbe qui coule pour la foule, un verbe qui serait dans le départ des choses, à porter une moindre humanité théorique, une pure géométrie anthropologique, une cristalline équation personnelle jusqu’au nom d’un homme, avec sa chair bien épaisse, ses tendons et ses nerfs. Il se veut régisseur de la métamorphose du quotidien en éternité, de la révélation des amours à travers une tulle d’habitudes ternes, un prône ronronnant tel un poêle occupé à réchauffer le coeur, là où se ressasse un cantilène de nos enfances, tandis que, sur la margelle de l’âme, où le regard puise ses reflets, tombe cette pluie qui est “la prêtresse de mon pays” où je n’ose sortir le dimanche avec le Christ, tant il est entouré de mauvais apôtres, de gardiens du corps, de marchands du temple...
Ô être un pignon, un cliquet, un sauf-conduit dans cette métamorphose où les charpentes du monde deviennent un pain partagé...celui-là de pain, sur une autre margelle, à l’abri, au sec, mais qui coule dans la foule, devenant vin à chaque soif, et nom d’un homme à chaque visage... Alors la pluie peut pénétrer dans mes pierres disjointes, emportant avec elle le sable et la suie, me transfusant jusqu’à créer un appel d’air où s’engouffre l’âme des choses, le sang de la terre. j’entends battre le tambour, crépiter du balancier, par ce réveil des plus méprisés, au creux de mon corps, vêtu des alchimies, des métamorphoses, des mues où dans les jours plombés de nuées basses rissole l’or d’une l’aube ; je suis enfin devenu consanguin de toute choses.


Rainer Maria Rilke
Sonnet à Orphée – trad. babel et foin du ©

29

Ami en repos des lointains nombreux, sens
comme ton haleine encore ajoute de la place.
Dans la charpente des obscurs clochers,
fais-toi retentir. Cela, qui te dévore,

devient du fort par cette manne.
Va hors et dans le changement.
Quelle est ton expérience la plus pénible ?
Boire te serait-il amer, deviens vin,

Sois, en cette nuit hors de tout trop-plein,
Force du charme, à la croisée de tes sens,
sens de leur particulière rencontre.

Et quand le terrestre t’oublierait,
à la terre en repos, dis : Je ruisselle,
A l'eau vive, dis : Je suis.


 

François
France
Posté le:
23/1/2007 03:10
Sujet du message:
RE: Dans les mains de l'abbé
Répondre            
Email:
francois.laur@wanadoo.fr
 
Sans doute a-t-il senti de la douceur au fond du gouffre, a-t-il su que boire n'épuise pas la soif et que ceux qui croient pouvoir vaincre les labyrinthes en fuyant les difficultés restent en dehors. Il a fait chair avec la terre fatiguée,la paille effondrée, accueilli l'aboiement ; a eu de l'avenir "cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve". Devenu Pierre,il a donné espoir à quelques-uns que ce soir ils trouveraient des murs, un toit par-dessus, du ciel. Il est allé célébrant la vie, entre le vide et le rien.


----- Message d'origine -----
Voilà un abbé Pierre... Sa vie parle à plein poumons. Le prêtre se veut changeant du pain et du vin en Verbe qui coule pour la foule, un verbe qui serait dans le départ des choses, à porter une moindre humanité théorique, une pure géométrie anthropologique, une cristalline équation personnelle jusqu’au nom d’un homme, avec sa chair bien épaisse, ses tendons et ses nerfs. Il se veut régisseur de la métamorphose du quotidien en éternité, de la révélation des amours à travers une tulle d’habitudes ternes, un prône ronronnant tel un poêle occupé à réchauffer le coeur, là où se ressasse un cantilène de nos enfances, tandis que, sur la margelle de l’âme, où le regard puise ses reflets, tombe cette pluie qui est “la prêtresse de mon pays” où je n’ose sortir le dimanche avec le Christ, tant il est entouré de mauvais apôtres, de gardiens du corps, de marchands du temple...
Ô être un pignon, un cliquet, un sauf-conduit dans cette métamorphose où les charpentes du monde deviennent un pain partagé...celui-là de pain, sur une autre margelle, à l’abri, au sec, mais qui coule dans la foule, devenant vin à chaque soif, et nom d’un homme à chaque visage... Alors la pluie peut pénétrer dans mes pierres disjointes, emportant avec elle le sable et la suie, me transfusant jusqu’à créer un appel d’air où s’engouffre l’âme des choses, le sang de la terre. j’entends battre le tambour, crépiter du balancier, par ce réveil des plus méprisés, au creux de mon corps, vêtu des alchimies, des métamorphoses, des mues où dans les jours plombés de nuées basses rissole l’or d’une l’aube ; je suis enfin devenu consanguin de toute choses.


Rainer Maria Rilke
Sonnet à Orphée – trad. babel et foin du ©

29

Ami en repos des lointains nombreux, sens
comme ton haleine encore ajoute de la place.
Dans la charpente des obscurs clochers,
fais-toi retentir. Cela, qui te dévore,

devient du fort par cette manne.
Va hors et dans le changement.
Quelle est ton expérience la plus pénible ?
Boire te serait-il amer, deviens vin,

Sois, en cette nuit hors de tout trop-plein,
Force du charme, à la croisée de tes sens,
sens de leur particulière rencontre.

Et quand le terrestre t’oublierait,
à la terre en repos, dis : Je ruisselle,
A l'eau vive, dis : Je suis.



 

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