Il aura suffi que ta bouche s'ouvre pour que s'aiguisent nos légendes pétrifiées. Tu promets ; aussitôt cristallines, toutes les stèles irradient leur minérale source rouge.
Quel horizon, quelle grotte marine recèle l'ombre de tes cils ? Ils ont un friselis de plume, et c'est ton rire de prime aube, stupeur, désir et peur mêlés. Passent fleurs d'amandier, retours d'oasis arrondis aux génoises. Hampes, tes cils nus ! s'y courbe la courbe des choses et la voix se suspend. Depuis quand te sais-tu mimer le monde à ses origines ?
Devineresse hautaine un peu, nous ne signerons pas de paix, tu prédis plus grande fête. Nous reculons nos torses comme si s'ouvraient là les battants d'une baie. Eau magique de tes sources vives, et tu me plonges dans la mer vineuse, la mer mousseuse qui pétille, mon cri suffoque, tu m'altères, revivifies. Nageuse sûre aux inflexions de saule, tu te noues et te délies, et tu jaillis. T Tu te tends, dure, lisse, t'arques réconciliée, agonie blanche au gel des vasques.
Tes mains de fée à main jongleuse, doigts et paumes joueurs de hasards, leur ombre goéland suscite à ongles brefs ligne vive et jubilation nue. Pétrissantes, combien déliées ! Douces plus que la soie dans le regard du poulpe, chaleureuses comme une fourrure ; et prévoyantes : semailles de lune accomplies, elles épandent un fenil d'odeurs. |