Combien de mondes sont dans notre monde ? Les roses sont ici des fleurs et là des épines. Trop de différence d’illusions d’optique amènent de la neige sur nos écrans, en plein printemps. Les généralités des uns sont prises au pied de la lettre singulière ailleurs. Les tapis déroulés gardent des plis, et parfois les chutes hors du tapis sont des chutes sans fin. Surtout quand ce tapis est un fil brodé de poésie, car c’est un tapis volant. À garder pour soi ce qui vole entre les arbres des forêts, on finit dans le lichen, et le cœur boueux. Dans les poudriers nacrés, il est parfois des poudrières, quand le miroir est chatouillé par un soupçon, un voile de non-dit qui tombe en un baldaquin de poivre autour des rêves de princesse endormie. Combien de monde dans les reflets d’une vitre brisée, qui donnait sur le monde ? Chacun a son monde. La poésie vit à la croisée des mondes. Sa seule lecture, sa seule grammaire est l’amour de ce qui y est dit, caressé, embrassé. Et qu’importe que la terre ne soit pas purement bleue, si elle est bleue comme une orange… L’essentiel n’est pas de comprendre, mais de sentir passer l’élan, le pur élan : quoi d’autre, face à tant de mondes ? |