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babel |
Posté le: 19/12/2006 07:53 | Sujet du message: Miroir, ô beau miroir : autolouange | |
Email: babel@etoiles.net | |
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Vue à la télévision une actrice. Elle se résumerait à une image, aisément. Dès qu’elle parle, les regrets fusent. Elle bouge trop. Cheveux relevés d’une main agitée, plan séquence sur les différents profils enchaînés. Oh, Madame, fussiez-vous domino, vous seriez « double deux » : deux yeux, deux seins, que vous mettez en valeur, dans un jeu pailleté. Pourtant vous êtes jolie : serez-vous belle ? Je connais plein de dames de ces pagodes qui sont belles, et que nul ne pense, et c’est heureux à le dire, jolies. Je connais des hommes de ces pagodes, qui sont belles, et certains seraient en un autre corps, du corps des jolies. Quelques rares pluies de safran sont belles et jolies, le temps que fanent les roses, à la force de l’âme, elles resteront belles. On me dit aux gestes féminins, à la pensée de femme ; je ne pense pas être une des joliesses, ni des enjôleuses, mettant en geôle les jeunes années. Ah, Mesdames, si m’en croyez, laissez le souci d’être jolies, tant de vous sont belles, et la beauté jamais ne se fane, mais toujours mûrit son éclat. Un jour, l’actrice que j’ai vue, le regard floué, la mamelle déchue, cherchera sa beauté sur les magazines lustrés par l’usure : que lui diront ces miroirs effrayants, ces échos de l’âme contente de soi, qui font les hommes comme les femmes belles ? Et « le jour viendra, où assumant la mâlitude, ma féminitude », je serai aux berges d’un fleuve où s’étire une barque tirée par les cygnes, dans l’or d’une beauté, nénuphar posé sur le reflet oublié d’une joliesse noyée par les ans. Dans les verts feuillages posés sur les laques noires où les années sédimentent, je dirai quel or brille à votre doigt : notre beauté, Mesdames, Messieurs, qui n’a rien à voir avec la joliesse. Nous, ceps tordus, visages résilients, dos en voûte romane, gueule en feuillage d’archives, nous sommes beaux, plus que nouvellement jolis, jeunes ou vieux…Nous, fors l’habitude, sommes la beauté éparpillée dans « la mâlitude, la féminitude, la négritude, l’albitude, la jaunitude, », et leurs associés…. |
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Moinette Belgique |
Posté le: 20/12/2006 00:35 | Sujet du message: RE: Miroir, ô beau miroir : autolouange | |
Email: moinette2@skynet.be | |
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Je ne résiste pas à trancrire un beau texte d'Anne Sylvestre :
Que vous êtes beaux, vous n'aimez pas qu'on vous le dise Que vous êtes beaux quand les années vous fragilisent Et vous prenez de haut, disant que ce sont des bêtises Tous ces tendres mots, croyez pas qu'ils vous minimisent Ne soyez pas sots
Que vous êtes beaux quand il vous tombe un peu de neige Que vous êtes beaux quand vous vous sentez pris au piège Et que votre front haut n'a bientôt rien qui le protège Qui a dit qu'il faut conserver tous ses privilèges Ne pleurez pas trop
Que vous êtes beaux quand vous prenez de la charpente Que vous êtes beaux quand vous améliorez la pente Et qu'on ne sait pas trop si ce confort qui nous enchante On l'eût aimé plus tôt, il se pourrait bien qu'on se sente Un peu plus au chaud
Que vous êtes beaux, mais je sais qu'il n'est pas de mise De dire ces mots qui vous font peur et qui vous grisent N'attendez pas trop, permettez enfin qu'on vous dise Que vous êtes beaux
----- Message d'origine ----- Vue à la télévision une actrice. Elle se résumerait à une image, aisément. Dès qu’elle parle, les regrets fusent. Elle bouge trop. Cheveux relevés d’une main agitée, plan séquence sur les différents profils enchaînés. Oh, Madame, fussiez-vous domino, vous seriez « double deux » : deux yeux, deux seins, que vous mettez en valeur, dans un jeu pailleté. Pourtant vous êtes jolie : serez-vous belle ? Je connais plein de dames de ces pagodes qui sont belles, et que nul ne pense, et c’est heureux à le dire, jolies. Je connais des hommes de ces pagodes, qui sont belles, et certains seraient en un autre corps, du corps des jolies. Quelques rares pluies de safran sont belles et jolies, le temps que fanent les roses, à la force de l’âme, elles resteront belles. On me dit aux gestes féminins, à la pensée de femme ; je ne pense pas être une des joliesses, ni des enjôleuses, mettant en geôle les jeunes années. Ah, Mesdames, si m’en croyez, laissez le souci d’être jolies, tant de vous sont belles, et la beauté jamais ne se fane, mais toujours mûrit son éclat. Un jour, l’actrice que j’ai vue, le regard floué, la mamelle déchue, cherchera sa beauté sur les magazines lustrés par l’usure : que lui diront ces miroirs effrayants, ces échos de l’âme contente de soi, qui font les hommes comme les femmes belles ? Et « le jour viendra, où assumant la mâlitude, ma féminitude », je serai aux berges d’un fleuve où s’étire une barque tirée par les cygnes, dans l’or d’une beauté, nénuphar posé sur le reflet oublié d’une joliesse noyée par les ans. Dans les verts feuillages posés sur les laques noires où les années sédimentent, je dirai quel or brille à votre doigt : notre beauté, Mesdames, Messieurs, qui n’a rien à voir avec la joliesse. Nous, ceps tordus, visages résilients, dos en voûte romane, gueule en feuillage d’archives, nous sommes beaux, plus que nouvellement jolis, jeunes ou vieux…Nous, fors l’habitude, sommes la beauté éparpillée dans « la mâlitude, la féminitude, la négritude, l’albitude, la jaunitude, », et leurs associés….
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anouk Belgique |
Posté le: 21/12/2006 08:20 | Sujet du message: RE: Miroir, ô beau miroir : autolouange | |
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Je parcoure vos messages et sourie ! En faisant les achats de Noël, hier j'achetais un miroir style péruvien où il était inscrit sur l'encadrement "Mais oui tu es belle" , je l'offrirais à ma nièce souffrante qui n'a pas toujours le moral au top ; Elle adore les objets qui proviennent des régions Sud américaines.
----- Message d'origine ----- Je ne résiste pas à trancrire un beau texte d'Anne Sylvestre :
Que vous êtes beaux, vous n'aimez pas qu'on vous le dise Que vous êtes beaux quand les années vous fragilisent Et vous prenez de haut, disant que ce sont des bêtises Tous ces tendres mots, croyez pas qu'ils vous minimisent Ne soyez pas sots
Que vous êtes beaux quand il vous tombe un peu de neige Que vous êtes beaux quand vous vous sentez pris au piège Et que votre front haut n'a bientôt rien qui le protège Qui a dit qu'il faut conserver tous ses privilèges Ne pleurez pas trop
Que vous êtes beaux quand vous prenez de la charpente Que vous êtes beaux quand vous améliorez la pente Et qu'on ne sait pas trop si ce confort qui nous enchante On l'eût aimé plus tôt, il se pourrait bien qu'on se sente Un peu plus au chaud
Que vous êtes beaux, mais je sais qu'il n'est pas de mise De dire ces mots qui vous font peur et qui vous grisent N'attendez pas trop, permettez enfin qu'on vous dise Que vous êtes beaux
----- Message d'origine ----- Vue à la télévision une actrice. Elle se résumerait à une image, aisément. Dès qu’elle parle, les regrets fusent. Elle bouge trop. Cheveux relevés d’une main agitée, plan séquence sur les différents profils enchaînés. Oh, Madame, fussiez-vous domino, vous seriez « double deux » : deux yeux, deux seins, que vous mettez en valeur, dans un jeu pailleté. Pourtant vous êtes jolie : serez-vous belle ? Je connais plein de dames de ces pagodes qui sont belles, et que nul ne pense, et c’est heureux à le dire, jolies. Je connais des hommes de ces pagodes, qui sont belles, et certains seraient en un autre corps, du corps des jolies. Quelques rares pluies de safran sont belles et jolies, le temps que fanent les roses, à la force de l’âme, elles resteront belles. On me dit aux gestes féminins, à la pensée de femme ; je ne pense pas être une des joliesses, ni des enjôleuses, mettant en geôle les jeunes années. Ah, Mesdames, si m’en croyez, laissez le souci d’être jolies, tant de vous sont belles, et la beauté jamais ne se fane, mais toujours mûrit son éclat. Un jour, l’actrice que j’ai vue, le regard floué, la mamelle déchue, cherchera sa beauté sur les magazines lustrés par l’usure : que lui diront ces miroirs effrayants, ces échos de l’âme contente de soi, qui font les hommes comme les femmes belles ? Et « le jour viendra, où assumant la mâlitude, ma féminitude », je serai aux berges d’un fleuve où s’étire une barque tirée par les cygnes, dans l’or d’une beauté, nénuphar posé sur le reflet oublié d’une joliesse noyée par les ans. Dans les verts feuillages posés sur les laques noires où les années sédimentent, je dirai quel or brille à votre doigt : notre beauté, Mesdames, Messieurs, qui n’a rien à voir avec la joliesse. Nous, ceps tordus, visages résilients, dos en voûte romane, gueule en feuillage d’archives, nous sommes beaux, plus que nouvellement jolis, jeunes ou vieux…Nous, fors l’habitude, sommes la beauté éparpillée dans « la mâlitude, la féminitude, la négritude, l’albitude, la jaunitude, », et leurs associés….
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