Ça commence par une tige fluette, vert tendre. Ça finit en fibres, en armures, en écorce dure. C’était une pousse ; c’est un arbre. Tant que la sève de la pousse circule, l’arbre est en fleurs. C’est pourquoi il est bon de s’asseoir sous les arbres en fleurs. C’est pourquoi l’intuition a tant de mal à vivre dans l’institution. On commence par des rêves, que l’on tisse ensuite en codes forgés. Que d’arbres morts, de feuilles sèches, de vitres opaques dans les Grands Sièges des Grands Manitous. Parfois, les arbres rêvent du ciel. Alors, ils tendent les bras. Et ils s’enracinent dans le ciel. On le voit pas : car nous vivons à l’envers. Mais un jour, ses branches sont devenues rhizomes: l’arbre se déplante et plante ses racines dans le plus loin : il meurt. Combien de déplantage inutiles à chaque instant ? Pour empêcher cela, il faut lui dire qu’on l’aime. Le retenir avec des amarres, des tissus blancs que retiennent des pierres. On peut aussi quand les fruits leur manquent, l’hiver venu, les couvrir de bijoux. Ce sont des arbres de Noël. Ne coupez pas les arbres à Noël. Utilisez les vôtres, les vivants, buis et oliviers. Prenez un faux arbre qui ne mourra pas d’être taillé. Mais surtout, embrassez les arbres que vous retenez sur terre, pour leur expliquer ce que vous leur devez : un immense bonheur à leur vue. |