Odon de Thoire-Vaudrey est, avec Rainaud Ier, comte de Bourgogne, l’un des principaux fondateurs de la Maladière ou Maladrerie d’Arbois en 1053. Lorsque cette maladrerie est construite, il est expressément stipulé que les malades de Pupilin, de la chastelaine, Mesnay, Arbois, Changin, Montigny, Villette, St-Cyr et Villeneuve, lesquels, à leur entrée, paieront 12 deniers et une pinte de vin. Les annales historiques et chronologiques de la ville d’Arbois décrivent les statuts et établissements de la Maladière ou Maladrerie, faits et consentis par les souverains seigneurs Renaud 1er, comte de Bourgogne et Don de Thoire, sire de Vaudrey, et acceptés par les prud’hommes, prieur, prévoirs, bourgeois et gagnours de la prévôté d’Arbois, assemblés dans l’église Saint-Just. Par cet acte, sont affectés au service des malades, à toujours et franchement, un homme de Pupillin, un de Montigny et un d’Arbois, avec leur tenement (Métairie dépendante d'une seigneurie). Chaque jour de foire et de marché, ils seront tenus de donner 2 deniers auxdits malades, qui recevront en outre 5 sols que devront payer les acheteurs et vendeurs. Des quarris ou mesure sont prescrits pour la vente et pour l’achat ; il sera payé un denier par 4 setiers. Seront données en outre, auxdits malades, toutes les fressures des grosses bêtes tuées dans la prévôté. Sera gouverneur de la Maladrerie un prévoir (prêtre), qui jurera sur saint évangile de conserver toutes choses à son pouvoir, sans décroître, et sera nourri et entretenu aux frais de ladite maison. Ledit prévoir sera assisté d’un clerc, qui recevra 3 deniers chaque fois que l’on chantera. Sera faite chaque dimanche une offrande au profit des malades à Pupillin, Mesnay, Changin, Montigny et Arbois, qui donnera 3 fois autant que les autres. Donneront chaque année, par feu, une gerbe, ceux de Villette, St-Cyr et Villeneuve, en place de l’offrande du dimanche, et ceux de Mathenay, un pain. Donneront les confréries, tout le temps qu’elles seront assemblées, chaque jour et à chaque malade, une miche et pidance. Sera permis, les lundis et vendredis, à 2 ou 3 malades, de venir à Arbois chercher l’aumône, sans aller sur le marché, et perdra un jour de provende, celui qui sera sans bâton. Devront chaque matin, les malades, sonner la cloche du moustier et faire oraisons, à perte de provende le lendemain. Sera privé de provende, sur l’ordre du prévoir, tout malade ayant joué ou esmu riote (querelle), et si ladite riote a causé blessures, si le malade a commis larcin ou désobéissance, sera privé de provende 40 jours, pendant lesquels vivra du communal. Est défendu à toute personne saine, sauf à gars et donzaille (garçon et fille servant les malades), de entrer en la maison ; doivent lesdits gars et donzaille, jurer à prévoir ne souffrir dommaige, à la maison sans le lui révéler. Ne doit, nul malade, venir à Arbois le mois d’août, et s’il y est trouvé, perdra sa provende un mois. Demeurent à la Maldière tous les meubles ayant servi à malade guéri. Ne doit aucun malade rien recevoir qu’avec la permission du prévoir, et sera désaprovendé s’il reçoit, et ce doit tantôt rendre à communal. Enfin est établi et ordonné que tout malade jeté à la Maladière peut donner et vendre ses biens comme s’il était au siècle, et après son décès, demeurent ses biens à ses héritiers, sauf ce qu’il aurait donné à la Maldière, et les meubles avec lesquels se doivent payer ses dettes et son enterrement. Cette charte, dont nous ne donnons que les principales dispositions, mais dont quelques prescriptions tombèrent plus tard en déssuétude (5 et 6 mai 1543), prouve qu’à cette époque, Arbois forme déjà une importante communauté, jouissant de droits, de franchises et de privilèges que les souverains du pays sont obligés de respecter.
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