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Auteur Message
   Trier par date croissante
Bernard Suisse
France
Posté le:
19/4/2002 23:36
Sujet du message:
Grosse fatigue
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memoires-de-siam@noos.fr
 
Grosse fatigue, en effet, car c’est un vrai casse-tête thaïlandais dans lequel j’ai mis le doigt en essayant de répondre à ces quelques questions simples : pourquoi la fête de Songkran tombe-t-elle à date fixe, alors que la plupart des fêtes traditionnelles thaïes sont à date variable ? Pourquoi est-ce le 13 avril, et pourquoi cette date est-elle considérée comme le début d’une nouvelle année ?

Il semble qu’on ne puisse donner de réponse satisfaisante à ces questions sans faire appel à l’astrologie, à l’astronomie, aux calendriers (solaire, lunaire, choinois, indien) à la climatologie, aux traditions, et chaque début de réponse appelle de nouvelles questions. Je vous livre ici le résultat bien imparfait de mes recherches, conscient de n’avoir fait qu’effleurer le sujet.

Si Songkran - qui n’est pas une fête bouddhiste - est à date fixe (encore qu’en 1997 elle ait été fixée du 14 au 16 avril), c’est bien évidemment parce qu’elle est définie selon le calendrier solaire, alors que les autres fêtes obéissent aux lois mystérieuses du calendrier lunaire.

On lit souvent que le mot Songkran est dérivé du mot pali "Sankhara", qui signifierait "mouvement du soleil". On lit également sur de nombreux ouvrages que cette date correspond au jour où le soleil quitte la constellation du Bélier pour entrer dans celle du Taureau. Les raisons seraient donc d’ordre astrologique plutôt qu’astronomique. (le découpage du zodiaque en 12 zones égales de 30° chacune est une absurdité scientifique, puisque qu’il y a 13 constellations, et non pas 12, et qu’étant de tailles différentes, le soleil les traverse pendant des durées très variables, un peu plus de 6 jours pour le Scorpion, plus de 32 jours pour le Sagittaire. Ainsi, cette année 2002, le soleil sera réellement en Bélier entre le 19 avril et le 14 mai et en Taureau entre le 14 mai et le 21 juin).

On voit donc que ce passage du Bélier en Taureau fixé au 13 avril (du 20 avril au 20 mai dans notre zodiaque traditionnel occidental, voir votre horoscope préféré ) n’est guère crédible.

Toutefois, force est de constater que cette date du 13 avril a réellement une signification solaire, puisqu’elle marque le également le début de la nouvelle année solaire dans la plupart des pays de tradition indienne : c’est Vaisakhi, le nouvel an sikh, c’est Nava Varsha, le nouvel an népalais, c’est la nouvelle année singhalaise et tamoul, c’est Ugadi, le nouvel an telugu et kannada, le jour où le Dieu Brahma commença la construction du monde indien, elle est également reconnue au Cambodge et au Laos, on ne peut donc croire qu’elle est arbitrairement fixée.

Affirmer que le 13 avril est le passage du Soleil dans le signe du Taureau est d’autant plus absurde que le découpage zodiacal indien n’est pas du tout le même que celui que nous connaissons en Occident. En effet, si la querelle entre astronomes et astrologues est loin d’être close, elle fait rage également entre astrologues tropicalistes (de tradition occidentale) et astrologues sidéralistes (de tradition indienne). Sans entrer dans les détails de cette querelle, voici les signes zodiacaux définis par l’astrologie indienne, et entre parenthèse leur concordance dans l’astrologie occidentale :

Poisson – 15 mai au 12 avril (19 février au 20 mars)
Bélier – 13 avril au 14 mai (21 mars au 19 avril)
Taureau – 15 mai au 14 juin (20 avril au 20 mai)
Gémeaux – 15 juin au 15 juillet (21 mai au 21 juin)
Cancer – 16 juillet au 16 août (22 juin au 22 juillet)
Lion – 17 août au 16 septembre (23 juillet au 22 août)
Vierge – 17 septembre au 16 octobre (23 août au 22 septembre)
Balance – 17 octobre au 15 novembre (23 septembre au 22 octobre)
Scorpion – 16 novembre au 15 décembre (23 octobre au 22 novembre)
Sagittaire – 16 décembre au 14 janvier (23 novembre au 21 décembre)
Capricorne - Monstre des mers / chèvre – 15 janvier au 12 février (22 décembre au 18 janvier)
Verseau - Pot (porteur d’eau) – 13 février au 14 mars (20 janvier au 18 février)

Vous n’êtes donc, selon la tradition indienne, sans doute pas né sous le signe que vous pensez , et le 13 avril marque l’entrée du soleil dans la constellation du Bélier. (en réalité, il n’y entrera cette année que le 19, et depuis le 12 il se trouve dans la constellation des Poissons. On voit bien le décalage entre croyance et réalité scientifique) C’est en tout cas la seule coïncidence que j’ai pu trouver pour expliquer cette date qui n’est en rien remarquable, ne correspondant à aucun equinoxe, solstice, ni point vernal.

Toutefois, la tradition bouddhiste n’utilise pas le calendrier solaire, mais le calendrier lunaire, appelé en Thaïlande le calendrier Jantarakati. Il paraît donc utile d’établir une relation entre l’année lunaire et la date solaire de Songkran.

Le calendrier lunaire est fort complexe, car il doit s’ajuster continuellement pour ne pas être en décalage avec le calendrier solaire. Un mois lunaire durant 29,5306 jours, soit 29 jours 12 heures et 44 minutes, l’année lunaire ne compte que 354 jours, huit heures et quelques minutes, et il lui manque une douzaine de jours pour coïncider avec l’année solaire de 365 jours ¼. Les mois de l’année lunaire sont alternativement de 29 et 30 jours, et il faut, tous les deux ou trois ans, rajouter un mois supplémentaire pour rétablir la correspondance avec le calendrier solaire. (comme pour les années bissextiles). Les années normales de 12 mois sont dites prokatimas, les années modifiées sont appelées athikasimas. Cette pratique du 13° mois est également appliqué dans le calendrier chinois, où ce mois supplémentaire peut être rajouté après n’importe quel mois. Dans le calendrier Jantarakati, il est toujours placé après le 8° mois, et est appelé duan pet lung (le 8e mois tardif). Parfois encore, tous les quatre ou cinq ans, on rajoute un jour supplémentaire au 7° mois, mais jamais si l’année est athikasimas.

Les méthodes utilisées pour déterminer ces ajustements sont fort complexes. L’une d’elle, (mais ce n’est pas la seule), indique que si le jour qui suit la pleine lune du 8° mois, la lune se trouve entre le 20° et le 22° degré, dans la constellation du Sagittaire, l’année est déclarée normale (prokatimas) et ne comprendra que douze mois. Si la lune se trouve à courte distance du Sagittaire (19° degré, soit une journée environ), l’année est dite athikawan, c’est-à-dire qu’on ajoute un jour à la fin du 7° mois. Si la distance est supérieure, l’année est réputée athikasimas, on y ajoute un 8° mois supplémentaire.

Les mois lunaires sont divisés en deux périodes : la lune croissante (keun), et la lune décroissante (ram). Un petit truc pour savoir si la lune est croissante ou décroissante : tracez une ligne imaginaire au milieu de la planète, et si le croissant que vous apercevez forme avec cette ligne la lettre d, comme dernier, la lune est décroissante, si c’est plutôt la lettre p, comme premier, la lune est croissante. Le 1er jour de la lune montante est nommé Wan Kuen 1 Kham, la pleine lune au milieu du mois est le Wan Kuen 15 Kham, et le dernier jour Wan Ram 14 Kham Wan Ram 15 Kham, selon que le mois a 29 ou 30 jours, ou tout simplement Wan dub.

Le mois lunaire est divisé en semaines, qui correspondent aux nouvelles lunes, aux pleines lunes et aux premier et dernier quartier, ce sont les wan phra, les jours où les fidèles se rendent aux temples, où les moines sont astreints à des cérémonies particulières (uposatha). Pour ce mois d’avril 2002, ces jours sont les 5 avril (dernier quartier), 12 avril (nouvelle lune) 20 avril (premier quartier), 27 avril (pleine lune). La veille des wan phra, les wan goan, sont également des jours particuliers, ce sont notamment les jours où les moines se lavent la tête. Tout n’est pas si simple encore, puisque les jours ne correspondent pas toujours entre les lignées, les moines Mahanikaya et Dhammayuta ont parfois une différence d’un jour dans l’observation de certains wan phra.

L’année lunaire commence en novembre ou en décembre. Toutefois, c’est le début du 6ème mois lunaire qui marque le début de la nouvelle année. Les thèses qui expliquent ce glissement de date invoquent les migrations des Thaïs vers le sud, et la date de plus en plus tardive de l’année agricole (ce qui conforterait la thèse, aujourd’hui contestée, de la poussée vers le Sud). Nul doute que ce facteur n’ait joué un grand rôle dans le choix du mois d’avril pour premier mois de l’année. Sur les stèles de Sukothai, une année était souvent désignée comme une récolte de riz, un cycle de riz, entre le labourage de la terre et la récolte. Avril, c'est la moisson du riz, la fin d'un cycle, et le début d'un nouveau cycle. C’est le moment où, miraculeusement, le calendrier lunaire et le calendrier solaire se rencontrent, entre le dernier jour du 5° mois de l’année lunaire, wan troot, et sa double signification de quelque chose qui finit et quelque qui commence, et le début de Songkran. (cette année, le dernier jour du 5° mois solaire tombait le 11 avril, et la nouvelle lune commençait le 12).

A noter que l’année solaire a été officiellement adoptée en Thaïlande en 1888, et qu’à cette époque le 1er jour de l’année tombait le 1er avril. Ce n’est qu’en 1940 que le 1er janvier a été désigné comme premier jour officiel de l’année civile.

Voici pour terminer, mais il manque encore beaucoup de choses, (notamment les cycles des années), les principales fêtes bouddhistes de Thaïlande, fixées selon le calendrier lunaire :

Pleine lune du troisième mois de l’année lunaire : Makha Bucha – Cette fête commémore la réunion des 1250 disciples du Bouddha qui leur donna à cette occasion les 227 règles monastiques (les bonzes récitent encore ces règles deux fois par mois)

Pleine lune du sixième mois de l’année lunaire : Visakha Bucha – C’est sans doute la fête la plus important, puisqu’elle marque le jour de la naissance, de l’illumination et de la mort du Bouddha. (survenus le même jour selon la tradition).

Pleine lune du huitième mois de l’année lunaire : Asalha Bucha – Ce jour marque la fin des ordinations, et la préparation des moines qui vont entrer dans le carême.

Khao Pansa : le jour qui suit Asalha Bucha, marque le début d’une période de carême qui dure trois mois.

Ok Phansa : pleine lune du onzième mois de l’année lunaire, marque la fin du carême bouddhiste.

Tod Kratin : Le jour de Thot Kratin se confond avec Ok Phansa, et cette fête qui dure un mois, jusqu’à la pleine lune du douzième mois de l’année lunaire, est l’occasion pour les fidèles de faire nombre d’offrandes aux moines, nouvelles robes, objets usuels, etc...

Quant à Loy Kratong, pleine lune du douzième mois lunaire, il faut signaler que cette jolie fête n’est pas bouddhiste, mais qu’elle puise son origine dans les croyances animistes et les rites brahmaniques, elle est dédiée à Mae Khongkha, la divinité des eaux.

Bien amicalement, si vous avez eu le courage de lire jusqu'ici
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Bernard Suisse


 

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