Spectacle d’Alain de Caro au théâtre Trianon par mephisto-tango.
Les 20 et 21 octobre 2007, Alain de Caro a organisé à Paris son 7ème Festival de tango argentin. Je suis allée voir samedi soir au théâtre Trianon le spectacle qu’il a mis en scène, en hommage à Carlos Gardel, El Cachafaz et Petroleo.
La première partie consistait en un documentaire filmé consacré à Carlos Gardel, avec, bien sûr, quelques Tangos chantés de ses films datant des années 1930. Quelques pas de danse aussi, tirés de ses mêmes films, avec El Cachafaz et Petroleo….Intéressant de voir cette ancienne façon de danser… Et puis quelques commentaires de personnes ayant côtoyé Carlos Gardel : fiancée, partenaire, fan….
Mais le plus étonnant, et le plus touchant, fut que la salle entière écouta la voix de Carlos Gardel tout en regardant son image sur l’écran, dans un silence quasi religieux, comme si cet homme, 72 ans après sa mort, gardait son étoile toujours aussi brillante, aussi lumineuse et aussi brûlante, que de son vivant.
Certes c’était de vieilles images en noir et blanc de mauvaise qualité, certes la voix de Gardel n’est plus représentative des voix de Tango éraillées à la mode actuellement chez les hommes, néanmoins cette voix mythique et pure reste magique, et on l’écoute encore et encore…..« Il chante mieux chaque jour » dit le proverbe ! C’est ce que disent tous les fans qui se massent devant sa tombe au cimetière de la Chacarita, en glissant une cigarette entre les doigts de sa sculpture…
Voilà qui est révélateur de quelque chose qui se passait dans la salle : personne n’a protesté et n’a sifflé quand, sur le film, les paroles des Argentins parlant de Carlos Gardel n’étaient pas sous-titrées en langue française. Le Français est pourtant réputé être un sacré râleur….Gardel aurait-il en plus le don d’adoucir les moeurs des râleurs qui l’écoutent ?
La deuxième partie du spectacle était « live » cette fois, et nous avons vu sur la scène les démonstrations chorégraphiées des 5 couples de danseurs prévus au programme. Pas des chorégraphies de groupe, mais des passages en solo, un couple après l’autre. Personnellement j’attendais avec impatience de voir Gustavo Naveira et Giselle Anne qui n’étaient pas venus danser à Paris depuis 5 ou 6 ans.
Je ne fus pas déçue, car ils se sont montrés digne de leur notoriété : aisance, naturel, présence, précision technique accompagnée d’une entente complice entre eux. Et j’ai particulièrement apprécié leur interprétation musicale. Mais, malgré leur talent et cette incontestable qualité artistique, même dans l’originalité, je n’ai pu m’empêcher de penser que quelques fils spirituels et élèves du père du « Nuevo Tango »- qui est en occurrence Gustavo Naveira – ont poursuivi le chemin initié par lui, en allant encore plus loin dans la recherche des mouvements et du rythme. Ce n’est là, bien sûr, que mon opinion.
En émettant cette opinion je ne veux pas faire un crime de lèse-majesté envers Gustavo Naveira, bien au contraire. Je veux lui rendre hommage car il pourrait dire avec fierté : « ils sont tous quelque part mes élèves, je les ai formés et je leur ai ouvert les portes de l’évolution…! ». N’est ce pas là la marque des plus grands maîtres qui, par leur enseignement, permettent à leurs élèves de découvrir à leur tour des chemin jusque là inexplorés ?
Mis à part Gustavo et Giselle, un autre couple que j’aime bien pour l’élégance et leur connexion mutuelle est Sebastian Missé et Andrea Reyero, toujours réguliers dans la qualité de leurs démonstrations.
Que dire d’autre sur les autres couples de ce spectacle ? Je citerais Alejandra Mantinan que j’ai adorée quand elle était la partenaire de Gustavo Russo (voir le blog sur Tango Seduccion)……mais je ne la retrouve plus quand elle danse avec Gabriel Missé, tant les styles semblent différents. Est-elle vraiment à l’aise avec lui ?
En conclusion, je dirais que la soirée fut une réussite : beaucoup de monde dans la salle et beaucoup de monde au foyer pour danser, entre amateurs cette fois. Merci, Alain de Caro, pour nous avoir permis de partager quelques heures de cordialité et de bonne humeur. Ne serait-ce que pour ça, l’objectif était atteint. |